«Ne pas affaiblir inutilement la chaîne en la divisant artificiellement»

Que voulait dire le chef de cabinet adjoint de Maggie De Block en pronostiquant, récemment, une «évaporation» de la stratification entre lignes? Doit-on entrevoir dans ces propos — certes intervenus lors d’un débat académique et conceptuel — une perspective de disparition si pas programmée à tout le moins annoncée des MG? Le cabinet De Block rassure, et développe. «Les prestataires de soins qui travaillent aujourd’hui pour la ‘première ligne’ sortiront renforcés de [nos] réformes [structurelles].»

Il y a quelques jours, lors de la matinée consacrée à l’hospitalisation à domicile, dans le cadre du 51e cycle de perfectionnement en sciences hospitalières organisé par l’UCL, le Dr Bert Winnen, dont l’exposé était axé sur «les perspectives en Belgique», a dit que «la stratification entre première, deuxième et troisième lignes va se vaporiser...». Soit une déclaration de nature à susciter de la perplexité dans les rangs des MG, si pas de l’inquiétude. Sollicitée par Medi-Sphere, l’équipe de Maggie De Block la replace dans son contexte pour une meilleure compréhension.

Nous reproduisons ci-dessous les explications du cabinet:

«L’accessibilité est une notion clé dans notre politique en matière de soins de santé. Et les médecins généralistes jouent un rôle très important dans ce contexte. Notre objectif n’est donc certainement pas de supprimer progressivement la «médecine des médecins généralistes, au contraire.

Le patient n’a pas besoin d’une division des soins de santé en différentes lignes, il aspire uniquement à des soins accessibles, de qualité, fournis à temps et continus le plus près possible de chez lui. En d’autres termes, nous devons adapter l’organisation des soins au patient, et non l’inverse.

Pour être en mesure de garantir la continuité des soins, les soins à domicile, ambulatoires et résidentiels doivent se combiner parfaitement. Le patient doit toujours être traité et/ou accompagné à l’endroit le plus adéquat, au bon moment et par le prestataire de soins le mieux placé. Cette adéquation n’est possible que si tous les prestataires de soins collaborent de manière proactive, dynamique et intégrée, autour du patient et avec lui et au-delà des murs, quels qu’ils soient.

Cette étroite collaboration aura pour conséquence qu’à terme, nous ne parlerons plus d’une ligne zéro et de la première, de la deuxième et de la troisième lignes, mais d’un continuum de soins. Une délimitation explicite en différentes lignes donne l’impression qu’un généraliste n’a plus aucun rôle à jouer lorsque son patient a été admis à l’hôpital et qu’un spécialiste peut se croiser les bras lorsque son patient a quitté l’hôpital. Mais ce n’est absolument pas le cas; les soins aux patients ne se délimitent pas par des murs. Les généralistes peuvent continuer de suivre leurs patients lorsqu’ils sont hospitalisés, ils peuvent communiquer avec le spécialiste qui les traite sur les antécédents pertinents du dossier médical de leur patient, etc. Et l’inverse (spécialiste => généraliste) est vrai également.

L’«évaporation» des différentes lignes sera surtout visible dans notre terminologie. Sur le terrain, nous visons une collaboration plus intense entre aidants proches, médecins généralistes, infirmières, spécialistes… Ensemble, ils doivent former une chaîne de soins solide et intégrée autour du patient, une chaîne que nous ne voulons pas affaiblir inutilement en la divisant artificiellement en plusieurs maillons.

Au moyen de nos grandes réformes structurelles (réforme des hôpitaux, réforme des soins de santé mentale, révision de l’AR n°78, déploiement de l’e-Santé…), nous voulons parvenir à ce type de système de soins intégré au cours des prochaines années. Et les prestataires de soins qui travaillent aujourd’hui pour la «première ligne» sortiront renforcés de ces réformes.»

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