«PPLW», quatre lettres pour une jeune instance, la Plateforme de Première Ligne Wallonne. Soit une convergence d’acteurs de soins, d’abord informelle, puis coulée en asbl fin 2018. Elle offre à ses membres (les MG (*), pharmaciens, kinés, infirmiers, dentistes, Fédération des maisons médicales, ACCOORD, inter-RML, inter-SISD…) un espace inédit de discussion. De mise au diapason, aussi, histoire d’avoir vis-à-vis des décideurs du répondant cohérent.
La multidisciplinarité, si elle n’est pas exemplaire partout dans l’ambulatoire, progresse néanmoins. Les pré- et trajets de soins que soutiennent les RML, par exemple, riment avec collaboration accrue autour du patient. Ils impliquent au fil des ans (et des règlements) davantage de professionnels. En amenant ses membres à débattre chaque mois, la PPLW cherche à augmenter la connaissance réciproque qu’ont l’un de l’autre les métiers de 1ère ligne. A aplanir, aussi, les différends qui peuvent les déforcer. A décloisonner les pratiques. A parler d’une seule voix au monde politique.
Trop beau pour fonctionner? «C’est de l’idéalisme assumé», rétorque la PPLW. Qui admet d’ailleurs qu’elle «n’est pas un espace où tout ronronne. Régulièrement, en réunion, on observe des frictions, surtout à la frontière entre associations de même discipline et entre professions distinctes.»
Certains, comme les kinés par exemple, siègent à la PPLW via des organisations dont les sensibilités peuvent diverger (et qui ne filent pas toujours le parfait amour), en l’occurrence l’UKB et Axxon. Et on sait que, parfois, il ne faut pas grand-chose pour raviver le vieux sentiment de rivalité entre prestataires, comme quand les MG pestent (en Belgique ou à l’étranger) contre les pharmaciens qui s’aventurent dans le pré-diagnostic ou la vaccination. «Le fait d’aborder les sujets qui divisent au sein d’un cénacle multilatéral déradicalise les positions. Les autres professions interagissent, tempèrent», décrit la PPLW. Cela évite l’«effet duel», l’escalade bilatérale qui se produit quand seuls les deux métiers concernés croisent le fer des arguments.
Concrètement, que discute (voire produit) la PPLW, qui à ce jour est présidée par le GBO (**)? «On travaille à une note d’ensemble sur l’organisation des soins de 1ère ligne en Région wallonne – on débat d’organisation ici, d’articulation, pas d’honoraires. Ils relèvent toujours du Fédéral.» Quand il était ministre régional de la Santé, Maxime Prévot avait reçu l’ancêtre de la PPLW et l’avait invité à se livrer à ce travail conceptuel. Toutes les énergies ayant été absorbées, dernièrement, par la constitution formelle de l’asbl, la page est encore blanche. Mais c’est donc là le premier gros chantier dans le pipeline.
La PPLW est déjà partenaire officiel de la chaire interuniversitaire de soins primaires, Be.Hive, créée en début d’année, avec laquelle elle travaillera à la note, justement. Et Bruxelles lorgnerait, nous dit-on, vers le modèle wallon, pour façonner une PPLB à la capitale.
(*) les MG sont représentés via l’ABSyM Liège & Luxembourg, la FAGW, le GBO et la SSMG
(**) la présidence sera tournante
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