Suite à la publication d’un communiqué de l’ABSyM, qui s’érige contre le mode actuel de financement des postes de garde, quelques responsables de PMG ont apportés leurs témoignages du terrain. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la situation n’est pas réjouissante. Comme par exemple des postes de garde qui n’ont plus que 280 euros en caisse !
L’ABSyM vient de publier un communiqué protestant contre l’insuffisance de financement des postes de garde de médecine générale. Il dénonce notamment le budget dédié au personnel et au transport. La capacité d’accueil est menacée. L’ABSyM s’insurge aussi contre les coopérations fonctionnelles, qu’elle voit comme une mesure déguisée d’économies supplémentaires. Le GBO avait déjà tiré la sonnette d’alarme, lui aussi.
Mais sur le terrain, quelle est la réalité ? Nous avons recueilli quelques témoignages. Ainsi, le Dr Yvonne Bronckart, présidente du GLAMO (Liège) proteste : « L’indexation n’est pas suffisante puisque les salaires sont indexés de plus ou moins 12 %. Des enveloppes sont cadenassées et non augmentées, comme le comptable, le secrétariat social, les charges …. Nous n’avons plus droit qu’à un accueillant au PMG. C’est largement insuffisant pour réceptionner les patients et les appels. Beaucoup de ces appels arrivent dans le vide. Si une véritable urgence grave survient, qui est responsable ? Nous n’avons plus les moyens pour une médecine de qualité. Le cercle doit injecter de l’argent pour renflouer les finances du PMG. Cela ne va pas… C’est tiré de la poche des médecins pour un service à la population. »
Le Dr Guy Delrée, Président de la Fédération des Associations de médecins Généralistes de la région Wallonne (FAGW), va beaucoup plus loin et fulmine littéralement : « C’est un véritable scandale », dit-il, « et je pèse mes mots ». « Nous venons de recevoir en retard la convention imposée par l’Inami et il n’y a aucune possibilité de discussion. Non seulement l’indexation n’est pas suffisante, mais encore prend-elle pour montant de base celui de 2022, qui était déjà insuffisant. Cela ne correspond pas aux prévisions du Bureau du Plan pour 2023. » Pour décrire la situation, il nous explique que certains postes de garde de la région n’ont plus que 280 euros en caisse. « Comment vont-ils payer les salaires ? On nous oblige à signer une convention qui va nous conduire à la cessation de paiement. Les postes sont obligés de trouver des fonds à d’autres niveaux de pouvoir, alors que ce financement est une compétence fédérale. » Il y a plus encore, nous dit-il : il y a quelques semaines à peine, les postes de garde ont reçu leur clôture de compte pour 2020 de la part de l’Inami. Beaucoup de dépenses déjà effectuées sont refusées sans discussions possible. Les montants refusés s’élèvent dans certains cas jusqu’à 15% du budget. Entretemps, les postes ont continué à fonctionner de la même manière en 2021 et 2022. Des refus similaires risquent bien de leur être opposés, alors qu’ils étaient déjà en difficulté. « C’est un abus de pouvoir, l’Inami interprète lui-même ses propres règles » ajoute-t-il. Et de déplorer que depuis de nombreuses années, les relations avec cet organisme se soient fortement dégradées. « Nous sommes maltraités » conclut-il.
A la FAGC (Charleroi), on rejoint les préoccupations mises en avant par l’ABSyM et par le GBO. « C’est en plein dans l’actualité. Le CA du Service de Garde de Médecine Générale de la Région de Charleroi (SGMG) a répondu à la demande de l’Inami d’établir son budget de financement de la garde de semaine » nous dit le Dr Patrick Jadoulle, président. De son côté, Mr Gianni Maraschiello, directeur administratif du SGMG ajoute que certains points de la réponse de l’Inami à cette demande sont en cours de négociation et se réserve donc de tout commentaire à ce sujet. Pour l’ensemble du financement, il estime que le cercle FAGC et donc le SGMG ne sont pas les moins bien lotis. Les refus par l’Inami de couvrir des dépenses des années antérieures sont restés acceptables. Mais il reconnaît que le service de garde de la région Charleroi doit se débrouiller pour financer l’achat de médicaments utiles dans les postes de garde et une partie du petit matériel utilisé dans quatre postes de garde. Il insiste aussi pour qu’un système de garde uniformisé soit mis en place dans le pays, avec un tri restrictif efficace via le 1733. « Cela aussi interfère avec le financement et on éviterait ainsi des dépenses inutiles pour des patients dont le motif de consultation ne justifie pas le passage dans nos postes de garde. Mais cela nécessite un long travail, qui est d’ailleurs en cours ».
Lire aussi:
Financement des PMG: " nous mettrons tout en œuvre pour soutenir les postes de garde" (ABSyM)
PMG: « Il faut porter l’honoraire de disponibilité à 50 euros de l’heure » (ABSyM)
Postes de garde: L'ABSyM préconise le report des coopérations fonctionnelles
Indexation insuffisante : « Certains postes de garde sont au bord du gouffre financier »
Derniers commentaires
Francois Planchon
07 février 2023Les limites invivables imposées aux services au public "de base sont d'autant plus absurdes que la multiplication des niveaux de pouvoir de la gestion du pays est surréaliste...
Gaspiller les impôts dans une débauche de mandats, en les justifiants par une débauche de "machins", c'est conduire le pays à la faillite...
Il serait temps d'exiger des donneurs de leçons qu'ils appliquent prioritairement à leur gouvernance les règles qu'ils veulent imposer aux autres pour pouvoir continuer impunément à gaspiller les deniers public...