Dans un récent entretien avec Le Spécialiste , Maggie De Block s'est expliqué sur son conflit avec les ophtalmologues qui se sentent court-circuités par une loi qui réforme, selon eux, complétement le soins de l'oeil.
Le Spécialiste : “Il y a eu il y a quelques mois les protestations des pédiatres, mais aussi plus récemment celles des ophtalmologues. Ils se plaignent de l’absence de concertation avec le secteur et prévoient de lancer des actions.”
Maggie De Block : “Il y a eu de nombreux contacts avec les ophtalmologues, mais ils n’étaient jamais d’accord sur rien. Ils se sont d’abord plaints qu’ils devaient réaliser trop de mesures, ce qui générait des listes d’attente. Ils ont donc demandé que cette tâche soit confiée aux orthoptistes. Les optométristes ont alors fait remarquer qu’ils avaient les mêmes compétences que ces derniers. Assez curieusement, personne ne semblait d’ailleurs en mesure de clarifier où se situait exactement la différence de formation entre les deux groupes. Nous avons donc décidé de mettre orthoptistes et optométristes sur un pied d’égalité… mais du coup, les ophtalmologues ont protesté parce que les optométristes sont plus nombreux et qu’ils avaient peur de perdre un volume d’activité.”
LS : Les ophtalmologues affirment que vous vous êtes montrée passablement autoritaire et qu’ils n’ont pas eu l’occasion de voir le projet d’AR au préalable.
“Ils voulaient le consulter pour le faire contester en justice par un bureau bien connu spécialisé dans ce genre de dossier, ce que nous avons évidemment refusé.”
“La concertation, ce n’est pas la même chose que de s’opposer à l’intérêt des patients dans un réflexe corporatiste. Certains préfèrent écrire des lettres ouvertes que, par les temps qui courent, je ne reçois par la poste que trois semaines plus tard – et elles viennent toujours du même groupe professionnel. Je dois m’occuper de toutes les parties concernées, mais avant tout du patient. Les spécialistes doivent apprendre à collaborer plutôt que de chercher systématiquement à tirer la couverture à eux. Des courriers ont été publiés à propos des paiements groupés, dont l’auteur affirmait que certains malades seraient opérés sans anesthésie – et ce en première page d’un quotidien, excusez du peu ! On cherche simplement à faire peur aux gens, alors même que ces paiements groupés existent dans tous nos pays voisins.”
Dans un communiqué publié ce cendredi, l'Union Professionnelle des Ophtalmologues
et le Syndicat des Ophtalmologues démentent les propos de la ministre : « les ophtalmologues sont souvent venus ici ». "En réalité, notre dernière visite au cabinet de la ministre De Block concernant la répartition des tâches dans les soins oculaires remonte au 19 octobre 2015." rétorquent les organisations professionnelles.
Pour les ophtalmologues, il n’est pas question de corporatisme mais de protection de la santé publique : "on ne raccourcit par les délais d’attente en donnant un agrément paramédical à 5 000 opticiens qui ne disposent pas de connaissances médicales : ainsi, la ministre brade la qualité des soins oculaires dans cet Arrêté Royal incohérent."
"Cet AR a besoin d’être revu et corrigé d’urgence sous la prochaine législature. Ce que cet AR stipule aujourd’hui est irréalisable dans la pratique journalière." poursuivent les ophalmologues.
Pour toutes les raisons décrites ci-dessus, les différentes organisations professionnelles
d’ophtalmologie, le SOOS et l’UPBMO, intenteront prochainement des actions en justice pour annuler cet AR.
> Lire en ligne l'intégralité de l'interview de Maggie De Block
Lire aussi :
> Les ophtalmos au Conseil d'Etat contre la reconnaissance des orthoptistes-optométristes
> Soins oculaires: De Block crée une nouvelle profession qui inquiète les ophtalmologues
Derniers commentaires
Jean-Claude MALENGREAU
17 mai 2019La reconnaissance d'optométristes paramédicaux, collaborant avec les ophtalmologues, ne pose pas de problème. Mais confier les soins oculaires de première ligne à des commerçants, rétribués en vendant des lunettes, est une toute autre affaire.