Médecins fraudeurs: «Non à la chasse aux sorcières!» (GBO)

Cet été, embrayant sur la proposition d’une élue N-VA, le Syndicat neutre pour indépendants aspirait à la création d’un point de contact où dénoncer les médecins délivrant des certificats de complaisance. Plus récemment, l’éventuel futur point de contact «fraude et gaspillage» de l’Inami et des OA a fait couler beaucoup d’encre. «Les méthodes proposées par d’aucuns, mandataires politiques ou pouvoirs publics, sont scandaleuses et très probablement inefficaces», s’insurge le GBO.

Scandaleuses, car la dénonciation, ou mieux la délation, sont des procédés qui sont en eux-mêmes porteurs de beaucoup d'injustices, développe le syndicat. Il redoute que soient «mis à mal le lien social et l’indispensable relation de confiance entre les citoyens et leurs médecins». Il craint aussi que le praticien «dénoncé» ne soit pas celui qui officie «dans une clinique prestigieuse à la réputation extraordinaire dans des clubs huppés», mais plutôt le confrère qui aura contrarié un patient prompt à chercher vengeance «en lui refusant, par exemple, une prescription de tranquillisants ou un certificat d'incapacité de travail injustifié».

Pour le GBO, se retrouver sur la sellette, souvent sans aucun moyen de preuve pour faire triompher sa bonne foi, «et avec les privilèges extraordinaires que l'administration fiscale s'est vu octroyer risque de devenir un cauchemar pour bien de nos confrères soucieux d’exercer leur art dans le respect des règles d’éthique et de déontologie». A ses yeux, baser la lutte contre les fraudeurs, qu’il s’agisse d’ailleurs de médecins ou d’autres professionnels, sur une campagne de délation au sein de la société civile «relève en général de régimes très autoritaires ou dictatoriaux, voire d’occupation».

Outre son parfum peu glorieux, cette option pourrait n’avoir d’après le syndicat MG qu’une efficacité relative: les généralistes ont appris d’expérience que, quand un abus leur est rapporté par un patient, «il s'agit souvent de milliers d'euros» mais la victime «renonce à porter plainte par désir de respect du lien qui s'est établi entre lui et son médecin».

Le GBO précise qu’il désapprouve «avec fermeté» la fraude sous toutes ses formes – qu’elle s’opère au détriment de la sécurité sociale, soit d’ordre fiscal ou qu’il s’agisse de faux en écriture. Aujourd’hui, «les pouvoirs publics ont à leur disposition un arsenal de dispositifs tant juridiques que déontologiques ou administratifs pour mettre en évidence les abus manifestes et les sanctionner». Pas besoin, par conséquent, de créer un climat de chasse aux sorcières qui décrédibilise tout un corps professionnel et/ ou d’activer la dimension «sordide et ostracisante» de la délation. Il lance la piste, pour limiter certains abus, de «la suppression de toute transaction avec de l'argent cash (…), qu'il s'agisse de médecin conventionné ou non».

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