Octobre 2014-juillet 2016 : le chemin parcouru (vu) par Maggie

La ministre de la Santé et des Affaires sociales tire le bilan des réalisations intervenues dans les soins de santé depuis le début de la législature – des réformes marquées du sceau de la « lutte contre le gaspillage et les abus », dit-elle, et « veillant à épargner le patient autant que possible ». 

Il n’y a pas de meilleur bilan politique que celui qu’on établit soi-même. On présente à loisir les mesures comme autant d’avancées, sans épiloguer sur les critiques qu’elles ont suscitées ou suscitent encore. On évoque les défis qui s’accumulent, le contexte budgétaire étriqué. On affirme que concertation avec le terrain il y a eu. Et pour faire bonne mesure, on cite tout ce qu’on a encore dans le pipeline. 

Ces ingrédients classiques se retrouvent dans le récapitulatif que dresse Maggie De Block de ses réalisations entre octobre 2014 et juillet 2016. C’est propre et sans bavure. Imposant, aussi. Le premier acquis évoqué est celui de l’accessibilité améliorée aux soins, qui en ce qui concerne plus particulièrement la médecine générale, prend corps dans l’obligation de faire profiter tous les BIM du tiers payant. Mais d’autres disciplines sont concernées aussi par des restrictions, comme l’interdiction ou le plafonnement de suppléments sur les honoraires forfaitaires pour la biologie clinque, de suppléments en hospitalisation de jour en chambre double/multiple, ou encore en cas de reconstruction mammaire avec tissus propres.

La ministre de la Santé évoque également le « pacte d’avenir » conclu entre le gouvernement et l’industrie pharmaceutique « au bénéfice du patient », entre autres pour garantir l’investissement en R&D dans des médicaments innovants ces prochaines années et permettre l’accès aux traitements les plus récents.

En matière d’informatisation du secteur des soins, l’éminence Open VLD, fort assertive, semble parler d’acquis - et même déjà de m-santé (la santé mobile) - quand, en coulisses, il se dit de plus en plus ouvertement que les échéances consignées dans la roadmap 2015-2018 sont irréalistes ou que la connaissance par les médecins des dispositifs d’e-santé est encore hautement perfectible. Le citoyen embraie-t-il plus vite que son thérapeute ? Maggie De Block rappelle qu’on est passé de 300.000 consentements au partage électronique de données médicales en octobre 2014 à 3,7 millions mi-juillet, avec un accroissement de 35 à 40.000 chaque semaine. Si la pression de la patientèle n’y suffit pas, rappelons que l’obligation pour les MG de travailler avec des dossiers informatisés sera totale en 2020 (lire par ailleurs sur ce site « Obligation de DMI en 2020: inscrite dans la (future) loi santé »). 

Le projet pilote super star

Autre dynamique naissante déjà reprise dans l’énumération : les soins aux malades chroniques version intégrée, supposés inclure (entre autres intervenants) les hôpitaux et les généralistes en mode décloisonné. Nous ne sommes toutefois, pour rappel, qu’au stade de la sélection d’une quinzaine de manifestations d’intérêt pour le montage de projets pilotes (lire par ailleurs sur ce site « Soins chroniques: la phase de conceptualisation démarre »). Toujours au rayon projets pilotes, inscrits dans le cadre plus large de sa réforme des hôpitaux, Maggie De Block a également adoubé sept projets « accouchements avec séjour hospitalier écourté » qui ont démarré, et attend pour septembre des propositions de projets « hospitalisation à domicile ».

Nombre de représentants de la médecine générale, pour avoir bataillé contre le rattachement obligé des postes de garde à l’hôpital ou pour faire inscrire les MG comme partenaires naturels des modèles de soins transmuraux à tester, estiment que l’équipe stratégique de la ministre cultive une vision plus hospitalo-centriste que soucieuse d’un renforcement de la première ligne.

Maggie De Block, enfin, dit s’être engagée dans un « plan incapacité de travail », qui tend à accompagner les malades longue durée dans une réinsertion dans le circuit du travail – et partant économiser sur les indemnités de maladie et invalidité qui sont, dixit la ministre, en forte augmentation. Ce plan supposera des échanges accrus entre médecins traitants et conseils.

Le bilan ministériel inclut encore, cette fois au chapitre des travaux à réaliser, l’établissement d’un pacte pluriannuel avec les mutualités, le remodelage des huit administrations de soins de santé tendant à plus de cohérence (lire par ailleurs sur ce site « Grand ménage d’été »), la modernisation de la législation relative aux professions des soins de santé ou encore le renforcement de l’evidence-based practice.

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