A l’occasion de la Journée mondiale des généralistes, organisée chaque 19 mai à l’initiative de la Wonca, le GBO a réuni 5 jeunes généralistes pour qu’ils puissent faire part de leurs préoccupations et donner quelques recommandations aux partis politiques.
Qu’on ne s’y trompe pas, l’idée n’était pas de relayer le Mémorandum que le GBO a transmis aux organisations politiques, mais de permettre à ces jeunes MG wallons et bruxellois de témoigner de leurs difficultés quotidiennes.
Pour le Dr Thomas Calozet, généraliste en formation, qui a eu l’occasion de comparer l’organisation de la garde de médecine générale en province du Luxembourg et à Bruxelles, il est indispensable de financer correctement les postes de garde (PMG) et d’en prévoir un nombre suffisant afin de désengorger les urgences et de répondre aux véritables besoins de la population. Et de témoigner que certains patients demandent même, en province du Luxembourg, de pouvoir être suivi par le PMG parce que les généralistes doivent refuser de prendre de nouveaux patients parce qu’ils sont débordés.
Le jeune MG trouve anormal que dans certains postes de garde bruxellois, le médecin doive apporter lui-même son matériel (des pansements… à l’EGC).
Le Dr Alexia Orban, active dans une maison médicale au forfait et dans un planning familial, estime qu’il est grand temps de revaloriser la rémunération des professionnels de santé actifs dans les planning familiaux afin d’éviter une pénurie de personnel qui mettrait en péril les missions de ces structures : information sur la contraception et les maladies sexuellement transmissibles, pratique de l’IVG… Elle encourage les universités à former les futurs médecins à la santé sexuelle et à la contraception et à rémunérer ceux qui font des stages. « Il faut mettre en avant la recherche fondamentale sur la contraception, dont celle sur la contraception masculine, et s’interroger sur l’impact des produits contraceptifs sur l’environnement. »
La jeune femme s’inquiète également de l’effet négatif de l’examen d’entrée en médecine sur les étudiants moins favorisés socio-économiquement. «Cet examen peut limiter l’accès à la profession médicale. Or, il est important d’avoir une diversité au sein du corps médical.»
Rémunérer la coordination
« Le bon praticien, au bon endroit et au bon prix » est la mantra d’Audrey Bonnelance, active dans une pratique de groupe monodisciplinaire et au GBO. Elle est également co-fondatrice de l’asbl Resumes qui promeut les échanges de savoirs et de savoir-faire entre les différents soignants/praticiens (choisis) qui gravitent autour du patient.
Généraliste depuis quelques années, cette jeune quadragénaire regrette que la nomenclature actuelle ne rémunère pas le temps qu’un MG passe pour trouver pour son patient une solution auprès des autres prestataires de soins (spécialistes, paramédicaux...) ou pour des consultations longues et complexes. Favorable à la bonne concertation médico-pharmaceutique, elle pointe également la dissymétrie entre l’honoraire perçu par le pharmacien (95 euros) pour tenir la Revue de médication d’un patient et celui du MG (0 euro) et l’absence d’un système informatique efficace permettant de connaître le statut vaccinal d’un patient. «Un de mes patients âgés s’est fait vacciner deux fois contre le Covid, une fois à la pharmacie et une fois au cabinet », témoigne-t-elle.
Pour Pauline Gérard, jeune généraliste qui effectue de nombreux remplacement, l’Inami doit trouver une solution pour que, dans un contexte de pénurie, un médecin remplaçant puisse travailler à la fois à l’acte et au forfait dans des structures différentes. C’est actuellement interdit par l’Inami. Elle estime également que les jeunes médecins devraient être soutenus financièrement pour pouvoir suivre des formations chères (soins palliatifs, dermatoscopie…) et s’équiper en matériel (dermatoscope, ECG…)
Santé planétaire
Benjamin Michel regrette que durant la formation universitaire, la problématique de l’impact des soins de santé sur l’environnement n’est pas abordé. «Comment peut-on rendre notre système de santé plus résilient ? L’implication des médecins généralistes est-elle prévue dans les plans pour réagir aux catastrophes naturelles qui nous attendent (sécheresse, inondation…) ? On parle de plus en plus de santé planétaire, mais quel rôle peut-on jouer en tant que jeune généraliste ? Nous voulons du sens. Quel récit va-t-on nous donner pour les 40 prochaines années ? Est-ce que cela se résumera à prescrire plus de médicaments et à réaliser des actes de plus en plus techniques ? Il faut une volonté politique pour passer d’une approche très curative à une approche préventive. »
Unanimes, les cinq généralistes demandent aux autorités de dégager plus de moyens pour la prévention et la promotion de la santé. Et de pointer les absurdités et les difficultés pour le généraliste de devoir travailler parfois avec trois systèmes différents pour le dépistage et la vaccination. Ils en appellent à une refédéralisation de ces matières. Un vœux pieu dans le contexte politique actuel, mais n’est-ce pas le propre de la jeunesse de vouloir faire évoluer le système ?