Trois projets d’aide et de soins intégrés visant à maintenir les seniors à domicile dans la région de Bruxelles-Capitale viennent d’être évalués. Il en ressort deux profils-types assez différents. Mais bien que les conclusions du rapport soient inspirées d’expériences de terrain, il reste d’autres réalités à prendre en compte. Comme la disponibilité des MG dans ce type de projet pour toute une série de motifs différents et variés, rappelle le Dr Michel De Volder (FAMGB)
La Commission communautaire commune de Bruxelles-Capitale a lancé en 2017, un appel à projets concernant l’intégration de l’aide et des soins en vue du maintien à domicile des personnes âgée en région de Bruxelles-Capitale. Trois projets ont été mis sur pied : CitiSen à Schaerbeek, Senior Solidarité à Etterbeek et Zoom Seniors à Bruxelles ville et St-Gilles. Après quelques années, une évaluation a été menée par un groupe de scientifiques appartenant à l’Observatoire de la santé et du Social à Bruxelles, à l’ULB et à la VUB. Les grandes lignes de l'étude Seneval viennent d’être présentées par Céline Mahieu (ULB) dans le cadre des Midis Scientifiques de Be.Hive.
Deux modèles de configuration des projets ont pu être mis en évidence. Le premier est centré sur la distribution des actions au sein de la communauté. Les différents acteurs du projet, qu’ils appartiennent au secteur social ou à celui de la santé, qu’ils soient structurés ou non, ainsi que les habitants, sont directement impliqués. Cela suppose de leur part une implication importante en termes de formation et d’action.
Dans l’autre modèle, la logique d’accompagnement domine. Les personnes concernées sont dirigées d’une manière ou d’une autre vers une structure sociale, administrative, psychologique ou autre, susceptible de répondre à leurs besoins. Ce sont les modalités d’implication des pouvoirs publics locaux, les caractéristiques du public visé et l’étendue du territoire concerné qui conditionnent le plus la configuration du projet. Ce dernier aspect ne surprend pas le Dr Pierre Zaeytydt , qui a pratiqué en province de Liège et s’intéresse de près à la question des soins intégrés. Donnant un avis général au-delà des projets analysés, « Il est amusant de constater », commente-t-il, « que ces concepteurs ne perçoivent pas qu’il n’y a pas plus territorial qu’un cabinet de médecine générale dans une commune.»
A la question de savoir quel fut le degré d’implication respective des acteurs sociaux et des professionnels de la santé, Céline Mahieu répond que l’établissement d’un lien entre ces deux types d’intervenants ne fut pas aisé. « Mais les besoins exprimés par les seniors étaient plus liés à la notion d’accompagnement dans la vie quotidienne qu’à des démarches en rapport avec la santé » ajoute-t-elle. C’est aussi ce que constate Pierre Zaeytydt : « on parle dans ces travaux énormément d’aide à la vie quotidienne, les soins ne venant qu’en quatrième position. Une approche médico-centrée n’y est pas souhaitée. »
Lorsqu’on l’interroge sur la problématique des soins intégrés considérée d’un point de vue général, le Dr Michel De Volder (FAMGB) répond que pour les médecins, « il est très difficile de répondre face à ces projets de soins intégrés. Le principal écueil étant la disponibilité des MG dans ce type de projet pour toute une série de motifs différents et variés. » Il cite parmi ces motifs les choix professionnels, la disponibilité temporelle des généralistes et la rémunération des médecins généralistes. « Si tous ces projets sont intéressants et certainement à creuser », ajoute-t-il, « ils ne peuvent se faire sans tenir compte des réalités de terrain et des concepts sociétaux actuels en pleine mouvance. Cela nécessite une profonde réflexion sur les besoins comme sur les offres que le système de santé, ses acteurs, ses décideurs et ses financeurs sont prêts à mettre en œuvre demain. Un simple concept intellectuel risque de devenir chimérique devant les réalités sociétales de terrain. »
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