Les Verts proposent de prolonger jusqu’à trois jours la suppression du certificat médical justifiant une absence pour raison de santé. Au-delà d’un débat de société, c’est aussi un risque potentiel pour la santé, qui est en jeu. Qu’en pensent les médecins ?

Groen et Ecolo proposent de supprimer le certificat de trois jours pour maladie, pour un maximum de trois fois par an. Une vérification par le médecin contrôle resterait possible. Domus Medica et Jong Domus ne seraient pas contre. Elles y voient un moyen de décharger quelque peu le médecin de tâches administratives dévoreuses de temps. Selon elles, le patient serait mieux responsabilisé et stimulé à prendre lui-même sa santé en mains. Des économies pourraient être réalisées. Cela n’exclut en aucun cas que la personne qui souffre soit la bienvenue chez son médecin traitant. De plus, pour Domus et Jong Domus, le certificat n’est pas un moyen efficace de lutte contre les abus.

Le Dr Paul De Munck (GBO) n’est tout à fait pas du même avis. S’il était favorable à la suppression du certificat d’un jour avec des arguments proches de ceux de Domus Medica, il attire l’attention sur les risques en matière de santé lorsqu’il s’agit de trois jours. Et il pose en préalable la question d’un choix de société qui n’appartient pas au médecin : « c’est à la société de savoir s’il faut justifier une absence pour maladie par un certificat médical ou non », dit-il en préambule. Sur le plan purement médical, passer de 1 à 3 jours sans devoir consulter un médecin pourra parfois être lourd de conséquences.

Une atteinte apparemment banale au premier jour – par exemple une fièvre légère à modérée - peut s’aggraver ensuite rapidement et mener à une catastrophe. « Pensons par exemple à une pyélonéphrite », dit-il. Un délai de trois jours avant prise en charge par un médecin fait alors perdre un temps précieux pour la mise en route d’un traitement adéquat, par exemple une antibiothérapie. Si malgré tout la proposition devait être retenue, il faudrait alors sensibiliser la population à la nécessité de consulter rapidement en cas de signes importants ou d’aggravation des symptômes initiaux. « Pas parce qu’on a besoin ou pas besoin d’un certificat » dit Paul De Munck, « mais parce qu’il y a danger. » En outre, on sait bien que certains travailleurs hésitent à s’absenter pour une raison de santé valable. Le certificat les aiderait à se justifier auprès de leur employeur.

Le Dr David Simon (ABSyM), à titre personnel, va dans le même sens : « un jour ça va, trois jours, bonjour les dégâts ! » dit-il d’emblée. Et de rappeler lui aussi qu’il existe des affections qui se dégradent très vite.  Pour lui, en plus de cela, le certificat de trois jours est aussi une manière de revoir le patient au bout de ce délai et de réajuster le traitement si nécessaire. C’est non seulement vrai pour des affections aiguës mais encore pour « relancer » ou reprendre en mains des patients souffrant de maladie chronique, qui ont parfois abandonné ou relâché leur traitement. Dans ces cas-là, leur état de santé peut s’être dégradé et une reprise en main peut leur être bénéfique. Bref, sur le plan médical, supprimer le certificat de trois jours ne serait pas une bonne idée.