Usage des AB: à rationaliser chez l’animal, pour l’homme

En tant que MG, vous êtes habitué aux campagnes à répétition pour un usage mesuré de l’arsenal antibiotique. Mais les efforts consentis chez l’homme sont vains si l’on persiste dans l’administration massive d’AB au bétail à des fins préventives. Tel est l’avis de l’ISP qui en appelle, «dans l’intérêt de la santé humaine», à un usage vétérinaire justifié et à visée curative uniquement.

L’Institut scientifique de santé publique (ISP) prend le cas de la colistine. Utilisé dans l’élevage pour traiter certaines maladies entériques, cet antibiotique peu tendre pour les reins n’est administré que très parcimonieusement à l’homme, en dernière intention, face à des germes multi-résistants, resitue-t-il. Mais c’est collectivement que la molécule est donnée, par le biais du fourrage ou de l’alimentation, notamment dans les élevages de porcs, veaux et volailles, et ce à des fins préventives.

Ce qui n’est pas anodin pour la santé publique, souligne l’ISP au terme d’une étude européenne et pluridisciplinaire relative aux AB. Pour les experts, les données sur la colistine sont encore limitées et ne permettent donc pas d’exclure formellement le risque de transmission de la résistance de certaines bactéries de l’animal à l’homme. Ils estiment que, en application du principe de précaution et dans le but de protéger la santé humaine, son usage – et celui des antibiotiques en général – devrait être restreint: les AB devraient uniquement être administrés pour soigner les animaux malades.

Lorsque des AB sont donnés de manière généralisée au bétail – sain ou non –, des entérobactéries comme E. coli peuvent devenir résistantes à certains antibiotiques, et se transmettre à l’homme, soit par contact direct avec la bête infectée, soit par le biais de l’alimentation, développe l’ISP dans son cri d’alerte. «Or, les antibiotiques utilisés dans l’élevage sont précisément les mêmes molécules que celles utilisées pour soigner les humains.» L’arsenal d’antibiotiques capables de lutter contre ces bactéries banales «mais aussi plus pathogènes comme les staphylocoques dorés se réduit de plus en plus au fil du temps», entraînant – on ne vous apprend rien – une escalade dans les traitements, et dans l’antibiorésistance.

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