Dès lundi, un système unifié et réformé de garde de semaine entrera en vigueur dans l’est francophone. Une initiative de l’Agef, l’association des MG locaux, pour remédier – et urgemment – à une récurrence peu vivable des gardes dans certaines communes. Et qui, à ce stade, est menée sur fonds autres que fédéraux. La cadence, qui au sud du territoire dépasse par endroits les 50 gardes de semaine/an, devrait chuter parfois drastiquement.
L’Agef réunit les MG de la partie francophone de l’arrondissement de Verviers - soit quelque 250 membres actifs sur 24 communes. Le week-end, la garde est assurée au sein de la «Garde de l’Est Francophone – Deutschsprachige Gemeinschaft», intégrant en sus de l’Agef les cercles germanophones VANDG et VEA. Tout l’arrondissement est desservi, communauté germanophone y compris, par 8 PMG à horaires adaptés, dont 3 ouverts la nuit, pour une population globale de 300.000 habitants. Plus de 15.000 patients y sont vus par an, sur rendez-vous. Depuis mai dernier, le 1733 phase 2 est opérationnel, les appels entrants étant dirigés par le robot vers la centrale d'Arlon pour régulation.
En semaine, toutefois, la garde n’est pas calquée sur ce montage. Elle fonctionne de façon disparate d’une commune à l’autre. Se côtoient au sein des 13 zones de garde actuelles, sans entrer dans le détail, des gardes patientèle en mode individuel ou groupé - problématiques pour qui n’a pas de médecin traitant, par exemple les touristes - et des gardes population plus structurées mais avec des différences au niveau des numéros à composer (privé versus commun) et de leur mode de diffusion au public.
La réforme qui uniformisera cette mosaïque, le 3 février, répond à un besoin urgent : réduire la récurrence les nuits de semaine. Selon l’Agef, elle «asphyxie littéralement la profession et freine l’installation des jeunes médecins». Le problème frappe toute la région, mais est plus aigu dans les communes les plus rurales disposant de peu de MG (voir carte). «Vielsalm et de Lierneux forment une seule et même zone de garde la semaine où il n’y a plus que 2 MG actifs pour réaliser des gardes de nuit en 2020», illustre le cercle. Avec le nouveau système fusionnant territoires et effectifs, «en moyenne, un médecin officiant dans le nord de l'arrondissement aurait une récurrence de garde de 2,5 par an, et de 5 pour un médecin du sud», a-t-il calculé.
Outre alléger la cadence, l’uniformisation rendra les choses bien plus limpides pour les patients, avec un parallélisme par rapport au modèle appliqué le week-end et le 1733 comme seul numéro à retenir.
Concrètement, le système sera opérationnel de 19 à 8h, du lundi au jeudi hors jours fériés, soit 52 heures d’activités/semaine. La région sera divisée en deux: une zone Nord couvrant Aubel, Baelen, Dison, Herve, La Calamine, Limbourg, Lontzen, Pepinster, Plombières, Thimister-Clermont, Verviers et Welkenraedt avec un poste de garde de référence à Verviers ; et une zone Sud couvrant Jalhay, Lierneux, Malmedy, Spa, Stavelot, Stoumont, Theux, Trois-Ponts, Vielsalm et Waimes avec un poste de garde de référence à Stavelot. Deux MG seront mobilisés, plus un «réserviste» susceptible de jouer les renforts-caisse au besoin, en situation épidémique par exemple. Deux voitures avec chauffeur serviront aux visites nocturnes.
Les Germanophones observent
Il n’y a donc que 2 PMG, contre 3 le week-end, qui tourneront les nuits de semaine? «La communauté germanophone n'a pas souhaité, dans un premier temps, prendre part à ce projet en raison des coûts trop importants de la première phase», explique Maxime Févry, responsable communication à l’Agef. Cela signifie qu’à Amel, Büllingen, Burg-Reuland, Bütgenbach, Eupen, Raeren et St. Vith, rien ne change lundi: les patients en quête d’un MG de garde la semaine devront toujours former les numéros uniques propres à chacune de ces entités. De fait, il n'y a pas (encore…) de subventions de la part de l'Inami, développe Maxime Févry. «C'est donc via des financements alternatifs (médecins, communes, province de Liège...) que nous avons pu mettre ce projet en place.» Les confrères germanophones, pour leur part, attendent un financement officiel. «On espère qu'ils fassent partie de ce système à l'avenir.»
L’accord médico-mut, avalisé le 24 janvier au conseil des ministres, prévoit des moyens supplémentaires (3 millions en base annuelle) pour des projets expérimentaux de réorganisation de la garde de semaine. Ce à quoi l’Agef est évidemment attentive. «À notre connaissance, des discussions concernant les modalités de remise de dossier auront lieu à la fin du mois de mars. Il va de soi que nous déposerons le projet!»