« Pour une question de conservation (jusqu’à -80° dans certains cas), de traçabilité et de bonne utilisation du vaccin pour les groupes à risque, on ne passera pas en pharmacie et la vaccination ne se fera pas chez le généraliste »  explique Jean-Michel Dogné, docteur en sciences pharmaceutiques. La première campagne de vaccination prévue en mars sera réservée aux professionnels de la santé.

Au coeur de cette seconde vague, la question de la vaccination contre le Covid-19 reste plus que jamais d’actualité. Le mois de mars se rapproche et la Commission européenne a déjà conclu des contrats d’achat anticipé avec différents groupes pharmaceutiques dont 300 millions de doses de vaccins à la firme AstraZeneca. Cet achat groupé garanti un prix bas. Le vaccin « Oxford » de cette société est estimé à peu près à 3 euros la dose. 6 euros pour deux doses. D’autres vaccins ont reçu le feu vert de la commission : 300 autres millions au duo franco-britannique Sanofi-GSK sans oublier le vaccin Johnson & Johnson (200), Pfizer/BioNtech (200) et aussi Cure Vac et Moderna.

Au total, cela représente plus d’1,5 milliards de doses. « Le prix n’est pas un débat innocent lorsqu’on sait que l’on va vacciner 4 millions d’individus et qu’aujourd’hui, on paie deux millions par jour pour le testing. » explique Jean-Michel Dogné, docteur en sciences pharmaceutiques, directeur du département de pharmacie à l’UNamur et expert auprès de l’Agence européenne du médicament et de l’Agence fédérale des médicaments et produits de santé (afmps).

Pas les pharmaciens ni les généralistes

De nombreux professionnels de santé se posent la question de la conservation du vaccin et de son administration. Jean-Michel Dogné fait avec nous le point sur cette question : « En théorie, le premier vaccin qui sera livré sera celui d’AstraZeneca « Oxford. 1,2 millions de doses sont prévues en Belgique. » Ces vaccins ne seront pas livrés en « dose unique ». « On parle au minimum de conditionnement pour 10 personnes. Ce ne sont donc pas les pharmaciens ou les médecins généralistes qui vont être en première ligne de la vaccination. »

Des centres de vaccination adaptés

Cette vaccination se passera dans des centres adaptés au vu de cette spécificité : « Actuellement, il y a une task force qui s’occupe de cette réflexion au niveau belge. » Pour rappel, la vaccination, en Belgique, est une compétence des Communautés en terme de prévention et les vaccins, l’autorisation de mise sur le marché, dépendant du fédéral. « Les Communautés travaillent sur la mise en place de cette campagne de vaccination. Il faut savoir qu’on s’attend pour ce vaccin à ce que chaque personne reçoive deux doses. »

Pour rappel, le Conseil supérieur de la santé a estimé, qu’en priorité, il fallait vacciner les professionnels de la santé au sens très large. Cela correspond à 500.000 individus. « La première campagne de vaccination du mois de mars leur sera donc réservée en priorité. Il faudra deux doses par personne, soit un million. » Les personnes âgées de plus de 65 ans et les patients âgés de 45 à 65 ans présentant des comorbidités seront également prioritaires.

La conservation

La question de la conservation prend tout son sens : « Suivant la nature du vaccin (pour rappel, plusieurs sont développés en parallèle), certains vont nécessiter des systèmes de conservation qui peuvent aller jusqu’à -80°.. Cela nécessite donc une infrastructure adéquate en centre adapté. »

L’indispensable suivi

Face aux différentes théories du complot et à la méfiance d’une partie de la population en matière de vaccins, le suivi de cette campagne « hors norme » de vaccination sera primordial : « La confiance dans cette vaccination repose sur la sécurité et sur l’analyse des effets indésirables. Il faut donc un très bon système de suivi des personnes vaccinées pour les problèmes de pharmacovigilance. C’est d’autant plus important que l’on va vacciner des personnes à grands risques notamment les personnes très âgées. »

Enfin, il attire l’attention sur l’importance de ne pas répéter « les mêmes erreurs que pour le vaccin contre la grippe que l’on a donné récemment à des personnes qui n’étaient pas prioritaires ».

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