10 ans du MoDeS : "longue vie à la concertation"

A Charleroi, le Monde Des Spécialistes (MoDeS ) fêtait ses 10 ans ce 13 avril. En cette date anniversaire, son président, le Dr Ahmed Goubella, réaffirme clairement le positionnement du syndicat : « Nous avons une vision à long terme et a-politique. Nous avons conscience des difficultés auxquelles les différentes spécialités sont confrontées. » Les responsables politiques invités au débat ont-ils entendu le message ?

À la question de « la place des syndicats de médecins dans le monde d’aujourd’hui », il répond sans hésiter : « Une place centrale comme acteur de la santé publique ». Et il ajoute, « comme président de syndicat, je dis : « longue vie à la concertation. » »

Un membre fondateur du syndicat, le Dr Nicolas Berg, gériatre au CHU de Liège et président de l’agence wallonne pour la protection des aînés (Respect Senior), a rappelé l’importance de garder le dialogue avec les néerlandophones. « Nous avons une vision holistique des soins de santé et nous voulons une juste rémunération (moins de disparités entre les spécialistes), mais aussi la durabilité financière et écologique. Nous avons pu engranger quelques victoires en 10 ans: revalorisation de l’acte intellectuel, protection sociale des jeunes médecins, valorisation de la prime Inami, indexation sélective… A l’avenir, nous voulons rappeler que la santé n’est pas qu’une affaire de médecins. La qualité de la médecine ne se résume pas seulement à un nombre de prestations. Il est important aussi que le médecin puisse travailler dans de bonnes conditions.»

Des réformes à long terme

Parmi les intervenants, Stephan Mercier, directeur général du CHU Helora, a évoqué le fait que l’on ne regarde pas assez les vrais freins à la collaboration entre les hôpitaux. «Je rappelle que l’argent suit le patient. Si vous laissez partir le patient (pour son bien ou pas), l’argent part. Par ailleurs, l’interdiction du partage de l’honoraire complique la relation.» 

Le directeur général a précisé qu’il convient de sécuriser le budget des hôpitaux. «Je ne demande même pas une augmentation de budget. Il faut donner de la visibilité aux réformes et aux financements avec des règles stables. Les économies réalisées doivent retourner au secteur.» 

Dans cette réflexion globale, Pauline Modrie, conseillère en développement durable attachée à la direction du CHU UCL Namur, a délivré un message de sensibilisation aux médecins. "Quand vous faites un plaidoyer pour l'environnement, vous faites aussi un plaidoyer pour la santé des patients."  

Pour sa part, le Dr Gérald Deschietere, psychiatre et responsable de l’Unité de crise et d’urgences psychiatriques des Cliniques Universitaires Saint-Luc, a attiré l'attention sur les dérives de la loi des patients à propos de la transmission des notes des médecins .

Gratuité ou pas ?

Enfin les responsables politiques qui ont participé au débat sur « la place de la santé lors des élections 2024 », se sont montrés toutes et tous d’accord « pour la fin des quotas ».

Voici quelques déclarations à retenir de ce débat : 

-Le candidat MR, Hervé Cornillie, a rappelé que  « la gratuité cela n’existe pas, il y a toujours quelqu’un qui paie. En plus, on n’a pas le nombre de médecins, psychologues ou  infirmières pour appliquer une telle gratuité que proposent certains partis. » 

-Pour le Dr Jean-François Gatelier (Les Engagés),  « il faut inciter au conventionnement. Le déconventionnement provient de la pénurie du manque de médecin. Il convient aussi de réguler les sous-quotas de manière intelligente sans quoi nous n’aurons plus de pédiatre et de gynécologue… »

-Pour Laurence Hennuy (Ecolo), « il convient de travailler sur une équité de la nomenclature. Les fonctions intellectuelles sont systématiquement défavorisées par rapport aux actes techniques ». 

-Pour le Dr Sofie Merckx (PTB),   « il y a un danger d’une médecine à deux vitesses et de plus en plus privatisée. Nous sommes pour un conventionnement obligatoire. » 

-Enfin, Laurence Zanchetta (PS), a rappelé que « de plus en plus de personnes ne se soignent pas par manque de moyens financier » ... avant d’ajouter que « l’obligation de conventionnement est compliquée à mettre en place mais qu'il faut combattre une médecine à deux vitesses... »

Le Monde des Spécialistes, syndicat de médecins spécialistes, forme avec le GBO (syndicat de médecins généralistes francophones) et l’ASGB (syndicat de médecins généralistes et spécialistes néerlandophones), le Cartel, l’un des trois syndicats représentatifs des médecins en Belgique.

> Vous retrouverez un compte-rendu sur l’ensemble de cette journée, les réactions et les débats dans Le Spécialiste N°219.

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