Des appels à mettre davantage en avant l'aspect sanitaire de la loi

"Il est désagréable de commencer un texte (de loi) par la partie répressive et la partie contrôle", a fait valoir mardi Carine Doutrelepont. La professeure de l'ULB, spécialiste en droit des données, était auditionnée par la commission de l'Intérieur de la Chambre avec Niel Hens, biostatisticien à l'Université d'Anvers et à l'Université de Hasselt et l'épidémiologiste Marius Gilbert.

L'intitulé même de l'avant-projet de loi "relative aux mesures de police administrative lors d'une situation d'urgence épidémique" a fait réagir Mme Doutrelepont, appelant le parlement à "inviter le gouvernement à reprendre une m&eacu te;thodologie différente." Selon elle, il serait opportun d'"inverser les étapes", à savoir débuter par le volet sanitaire, avant de développer les mesures à prendre pour, enfin, évoquer les mesures de contrôle. "Si les bases légales ne sont pas structurées et fortes, tout ce qui va en découler sera fragilisé, y compris la question de la surveillance, des poursuites et de la répression", a-t-elle conclu.

En matière de traitement de données, la professeure de l'ULB a estimé que "le fondement même de l'édifice" n'était "pas suffisamment solide".

Carine Doutrelepont a également appelé à "travailler sur un texte de loi dont le périmètre n'est pas trop étendu."

Niel Hens et Marius Gilbert ont de leur côté plaidé pour un accès aux données anonymisées à des fins de recherche. Le professeur des universités d'Anvers et Hasselt a ainsi rappelé "le besoin de données fiables tout au long de la pandémie", ajoutant, à l'instar des autres intervenants, de "bien définir situation d'urgence épidémique." Selon lui, "ces données pourraient nous apprendre énormément, également après une crise, dans le respect du RGPD."

"Le délais de 5 jours (prévu dans l'avant-projet pour détruire les données dès que l'urgence épidémique est levée, ndlr) me semble assez étonnant et extrêmement bref", a renchéri Marius Gilbert. "Est-ce qu'on ne risque pas de se mordre les doigts d'avoir effacé des données qui pourraient être utiles deux mois après? Cela pourrait constituer un frein à une 'sortie' de la situation d'urgence."

L'épidémiologiste a aussi appelé à "imaginer d'autres modes de transmissions" de virus et à "ne pas voir les mesures de police comme une réponse unique", évoquant l'"engagement avec la société" (volet participatif), un "réel partenariat avec les universités" , un "partenariat public-privé" et la msie en place d'une méthode de "recours d'urgence à l'expertise."

La commission de l'Intérieur a ainsi clos ses auditions sur la loi pandémie. Le débat politique est prévu mercredi de la semaine prochaine, le 24 mars.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.