Des traitements mieux remboursés pour les patients souffrant de spasticité après un AVC

Depuis le 1er août, certains médicaments à base de toxine botulique de type A sont mieux remboursés pour les patients souffrant de spasticité, un trouble entraînant une contraction ou un raidissement des muscles, se sont réjouis Thierry Deltombe, président de la Société royale belge de médecine physique et de réadaptation, et Fabienne Schillebeeckx, médecin spécialiste de la rééducation à l'UZ Leuven, lors d'une rencontre avec la presse à l'approche de la Journée mondiale de l'AVC, vendredi.

Chaque jour en Belgique, 52 personnes font un accident vasculaire cérébral (AVC), ce qui représente 19.000 cas annuels, selon le Belgian stroke counc il. Parmi ces personnes, 30% présentent des déficits permanents de la motricité (faiblesse, perte de dextérité, spasticité) ou cognitifs (langage, mémoire, etc.).

Plus particulièrement, la spasticité touche 30% à 50% des patients ayant souffert d'un AVC. En Belgique, environ 80.000 personnes souffrent de spasticité. Cette contraction musculaire involontaire, qui peut aussi apparaître après un traumatisme crânien ou dans le cadre d'une maladie comme la sclérose en plaques, provoque des douleurs et des problèmes d'hygiène (difficile, par exemple, de se couper les ongles de la main lorsque le poing reste fermé).

Malgré la fréquence de cette affection, la spasticité reste sous-diagnostiquée et donc mal traitée, pointe Thierry Deltombe qui, avec un groupe de médecins de réadaptation, a lancé auprès des autorités fédérales le processus visant à permettre le remboursement du traitement à la toxine botulique de type A pour un plus grand nombre de patients, en collaboration avec l'industrie pharmaceutique.

Plusieurs options, combinables, existent néanmoins pour soigner au cas par cas cette affection. Outre la kinésithérapie et la chirurgie, le traitement peut être médicamenteux: par voie orale, à l'aide d'une pompe à baclofène ou encore par l'injection directement dans le muscle d'une toxine botulique de type A (une puissante toxine agissant sur le système nerveux). Après une à deux semaines, le produit fait effet, réduisant la douleur et permettant des mouvements apparemment aussi banals que le fait de lacer ses chaussures ou de boutonner sa veste.

La spasticité "change votre vie", témoigne un patient bruxellois qui, à 54 ans, fit un AVC. "Quand on n'a plus qu'une main, on ne fait pas '50%' de choses en moins. Essayez donc de soulever une caisse, faire la vaisselle ou, dans mon cas, de jouer de la flûte à une main", explique ce musicien, père et professeur âgé de 57 ans aujourd'hui.

Actuellement, trois toxines botuliques sont disponibles sur le marché. Si la plus connue des trois, le Botox, est assimilée à l'esthétique et au confort, ces neurotoxines sont "véritablement essentielles pour les patients spastiques", insiste Thierry Deltombe.

Le traitement n'est toutefois pas définitif et il faut réitérer les injections tous les trois à six mois. Les avantages de la toxine à plus long terme sont encore à investiguer, souligne le professeur.

En Belgique, d'abord remboursés uniquement après une paralysie cérébrale à partir de 2001, les médicaments à base de cette neurotoxine ont, 10 ans plus tard, bénéficié d'un remboursement étendu pour les membres supérieurs dans le cas d'un AVC. Depuis le 1er août dernier, le remboursement concerne les bras et épaules quelle que soit la pathologie à l'origine de la spasticité, ainsi que les pieds équins après un AVC ou un traumatisme crânien uniquement.

Une bonne nouvelle pour l'accès aux soins des patients, estiment les deux médecins, puisque "cela couvre 90% des besoins", précise M. Deltombe. Le coût du traitement à charge du patient tombe ainsi de 2.300 euros par an (selon le scénario le moins favorable au patient) à quelque 360 euros annuels, conclut Fabienne Schillebeeckx.

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