Faute médicale: une ORL d’Hasselt paie plus d’un quart de million d’euros de dommages

En 2005, une patiente opérée pour un kyste sinusal s’était retrouvée aveugle de l’œil droit. Un jugement intervenu en 2020 avait condamné l’ORL, une spécialiste du Jessaziekenhuis de Hasselt, mais le montant des dommages restait à fixer. C’est chose faite : notre consoeur en a pour 257.493 euros !

Au cours de l’intervention, les muscles et nerfs de l’œil perdu auraient été touchés. L’œil s’est alors déporté vers la droite et la patiente n’a plus « vu » avec cet œil que l’obscurité. La consoeur a reconnu devant la cour avoir poursuivi l’opération malgré un champ opératoire ensanglanté. Cela laisse supposer qu’elle avait une visibilité peu satisfaisante sur son geste chirurgical. Et peut-être qu’un vaisseau important avait été lésé ou que le kyste saignait. Quoi qu’il en soit, bien que nous ne disposions pas – bien évidemment – du rapport des experts, ils auraient déclaré que l’intervention n’avait pas été menée de manière correcte, ce qui a entraîné des conséquences indésirables et évitables.

Quand la fatalité s’en mêle

La poisse se serait poursuivie puisqu’à la suite de cela, la patiente a dû suivre un traitement qui comprenait des gouttes ophtalmiques à la cortisone. Cela aurait été à l’origine d’inflammations périoculaires, rapporte la presse, mais on ne voit clairement pas le lien : erreur de manipulation ? infection au lieu d’inflammation ? Ce n’est pas précisé davantage. Toujours est-il que ces malheureuses suites ont nécessité elles aussi des soins supplémentaires, d’où des coûts additionnels. C’est tout cela, en plus du handicap définitif, que le montant des dommages prend en compte. Une provision de 35.000 euros avait déjà été versée. 

Au-delà du dommage

Une fois de plus, outre le handicap entraîné par l’opération, la patiente a déploré ce qu’elle perçoit comme un manque d’explications, une non-reconnaissance de la situation par le médecin, voire même des mensonges. C’est d’ailleurs ce que reprennent en substance les attendus du jugement. C’est peut-être vrai et dans ce genre d’affaires, la perception de la victime a son importance. Mais on se rend bien compte de la difficulté de communication dans ce genre de drame. Même si nous, médecins, croyons avoir expliqué clairement la situation à nos patients, l’expérience nous montre régulièrement que la compréhension qu’ils en ont n’est pas toujours aussi évidente. A plus forte raison quand les interlocuteurs sont un praticien qui sans nul doute culpabilise, d’une part, un patient psychologiquement écrasé par un échec médical, d’autre part.

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