La Commission européenne a confirmé lundi ne pas avoir d'objection au projet de législation irlandaise prévoyant d'imposer dans les prochaines années un label sur les bouteilles de boissons alcoolisées, mettant en garde contre les risques liés à leur consommation. Le projet irlandais a particulièrement hérissé ces dernières semaines les producteurs de vins italiens, dont les réactions offusquées ont été relayées par les politiques.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, parmi d'autres, avait exprimé sa stupéfaction sur Twitter il y a une dizaine de jours, qualifiant la décision irlandaise d'"absurde", san s distinction entre "consommation modérée et abus d'alcool". Il a indiqué souhaiter que la question soit amenée à l'Organisation mondiale du commerce.
L'Irlande entend imposer une mise en garde sur les bouteilles de vin, bière et spiritueux vendues dans ses magasins, concernant le lien avec les risques de cancer et maladies du foie, ainsi qu'un pictogramme sur les dangers d'une consommation chez la femme enceinte. Une fois confirmée, la mesure laissera trois ans à l'industrie des boissons alcoolisées pour adapter son étiquetage, selon le quotidien Irish Times.
"Le projet de législation irlandaise a été notifié à la Commission", dans deux cadres différents, l'un relatif au marché unique, l'autre aux informations aux consommateurs pour les produits alimentaires. Dans les deux cas, la Commission n'a rien eu à redire, n'émettant pas de réaction formelle, a confirmé lundi un porte-parole de la Commission, Stefan de Keersmaecker. Des limitations à la libre circulation des produits à l'intérieur de l'Union peuvent être autorisées dans des cas bien définis, en raison entre autres de justifications relatives à la santé et à la protection des consommateurs, a-t-il rappelé.
Par ailleurs, "la réduction de la consommation nocive d'alcool est une priorité de la Commission", a ajouté le porte-parole. Toute la question est de savoir ce qui constitue une consommation "nocive". La délicatesse de la question, sur les plans culturel et économique, et la puissance des lobbies de l'alcool, avaient encore été illustrées début 2022 quand le Parlement européen avait adopté ses recommandations issues de la commission spéciale sur la lutte contre le cancer. La bataille d'amendements entre familles politiques s'était concentrée sur le vocabulaire utilisé concernant les boissons alcoolisées, entre "consommation" ou "abus".
Coldiretti, une fédération d'agriculteurs italiens, a récemment estimé qu'autoriser les étiquettes "alarmistes" irlandaises était "une attaque directe contre l'Italie", premier producteur et exportateur mondial de vin.