La mise à l'arrêt de la vie nocturne à la suite de la pandémie de coronavirus a eu un impact sur l'usage festif des drogues en Belgique l'année dernière. Dans le même temps, et pour d'autres raisons, la consommation a par contre progressé durant le premier confinement, relève mercredi l'institut de santé publique Sciensano dans une étude sur l'usage et l'offre des drogues durant la pandémie.
La limitation des déplacements ou l'arrêt de la vie nocturne ont profondément modifié la vie quotidienne des Belges, donnant parfois lieu à l'exacerbation de sentiments tels que le stress, la solitude ou l'ennui. Ces changements radicaux ont été vécus par tous mais parfois de manière plus intense par les personnes qui consomment des drogues, constate Sciensano.
L'impact en la matière varie selon la substance consommée et le profil du consommateur. Les quantités de marijuana consommées ont, par exemple, augmenté durant le premier confinement par rapport à la situation avant celui-ci, pour, six mois plus tard, revenir à une situation similaire à celle du début de l'année.
Les quantités de cocaïne et d'amphétamines en poudre consommées ont, en revanche, baissé de manière importante lors du premier confinement, constate Sciensano. Six mois après, elles semblaient toutefois plus élevées par rapport à la situation qui précède cette période.
Les pilules d'ecstasy ont, elles, été beaucoup moins consommées lors du premier confinement et le phénomène s'est poursuivi plus tard dans l'année.
"Une différence existe entre les usagers fréquents et non-fréquents. Ces derniers ont globalement diminué leur consommation pendant le premier confinement alors que les usagers fréquents ont augmenté les quantités consommées", analyse Jérôme Antoine, scientifique chez Sciensano. "Cependant, quelques mois plus tard, on constate que la fréquence d'utilisation est de nouveau la même qu'avant la pandémie."
Le marché de la drogue est resté relativement stable et les substances sont restées disponibles tout au long de la pandémie. Les consommateurs semblent notamment avoir acheté des quantités relativement plus importantes qu'avant, peut-être pour en avoir en stock au cas où elles seraient moins facilement accessibles ou simplement parce que le mode de transaction s'y prêtait.
Les prix sur le marché du détail ont augmenté pour la marijuana et la cocaïne en poudre l'an dernier alors qu'ils ont baissé pour les pilules d'ecstasy et les amphétamines en poudre.
Enfin, l'obtention des drogues par internet ou le darkweb ne semble pas avoir augmenté de manière importante comme cela aurait pu être attendu au vu des restrictions de déplacement. Par contre, les répondants déclarant cultiver eux-mêmes la marijuana a fortement augmenté six mois après le début du premier confinement, peut-être le signe d'une certaine recherche d'indépendance dans l'approvisionnement, interprète Sciensano.
À noter que l'enquête a collecté des informations auprès d'une population majoritairement masculine, de moins de 25 ans et habitant en Flandre. Le recrutement des usagers de drogue s'est fait en ligne via des annonces sur les réseaux sociaux. Une population plus jeune et avec un niveau d'éducation plus élevé a donc été atteinte.
Seulement 3% des répondants sont en traitement pour leur usage de substance, pointe encore l'institut de santé publique. La majorité a donc un profil d'usage récréatif et ne rencontre pas de réels problèmes en lien avec la consommation de drogues ou n'a pas de demande d'aide concrète.
L'échantillon n'est dès lors pas représentatif de l'ensemble des usagers de drogues, concède Sciensano, et les résultats doivent être interprétés avec précaution. L'étude permet cependant d'avoir une bonne image de la situation des drogues en Belgique durant l'année 2020.