La Mutualité chrétienne réclame la transparence des prix des appareils auditifs

La Mutualité chrétienne appelle, mardi dans un communiqué, à "rendre le coût des appareils auditifs transparent", alors que les patients déficients auditifs paient de plus en plus de leur poche.

Une récente étude de la Mutualité chrétienne (MC) montre que, selon le type d'appareil, les patients déboursent entre 1.300 et 3.000 euros de supplément, soit "environ le double" de ce qu'ils sont remboursés par leur assurance soins de santé.

"De plus, le patient ne sait en aucun cas quelle part des coûts revient à l'appareil auditif et quelle part revient à l'audicien", relève la vice-présidente de la MC, Elisabeth Degryse. "Rendre le coût des appareils auditifs et des suppléments transparent est pourtant une condition nécessaire avant toute discussion éventuelle sur l'augmentation du remboursement par l'assurance obligatoire soins de santé et indemnités ou une intervention plus significative par l'assurance complémentaire", souligne-t-elle.

À l'échelle internationale, plus de la moitié des personnes âgées de 61 à 70 ans, et plus de 80% des plus de 70 ans, souffrent d'un déficit auditif d'intensité variable. Or, la déficience auditive affecte la qualité de vie, et notamment l'apprentissage, l'emploi et la vie sociale.

"Une bonne prothèse auditive devrait, dès lors, être un droit fondamental pour ceux qui en ont besoin", revendique la MC. D'autant plus que le prix à débourser pour un appareil auditif crée des "inégalités sociales de santé", qui se manifestent concrètement par le report de soins ou l'achat d'appareils insuffisamment adaptés, selon la MC.

En 2008, le Centre fédéral d'Expertise des Soins de Santé (KCE) constatait, dans une étude, que pour plus de 85% des appareils auditifs, les Belges payaient davantage que leurs voisins européens. Au Danemark, sur 10 produits comparables, neuf étaient plus chers en Belgique (de 61% à 125% plus cher), ce qui se répercutait sur le pourcentage de malentendants ayant besoin d'une aide auditive et qui en possédaient effectivement une (30% des Belges contre 53% des Danois).

"Les montants à charge du patient sont si importants dans notre pays qu'ils excluent une partie des patients", dénonce Elisabeth Degryse. "Surtout que ces coûts se répètent tous les cinq ans, période après laquelle il est généralement recommandé de changer d'appareil et qui correspond à un nouveau remboursement de l'assurance obligatoire".

La MC constate par ailleurs des différences de prix importantes, allant parfois jusqu'à plus de 1.000 euros, entre provinces.

La Mutualité chrétienne appelle dès lors à négocier les tarifs de tels appareils au niveau européen, à l'instar du vaccin contre la Covid-19, afin de faire baisser les coûts et engendrer "une forme de régulation du marché".

Le secteur des appareils auditifs en Belgique a sensiblement augmenté entre 2010 et 2019, pour ce qui est des montants remboursés, passant de 20 à 36 millions d'euros. Quant aux suppléments, ils ont plus que doublé, passant de 25 à plus de 50 millions d'euros.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.