Medista, l'entreprise de services logistiques spécialisée dans le milieu pharmaceutique qui se charge de la distribution des vaccins anti-Covid, ne veut plus travailler pour "un gouvernement si peu fiable et qui abuse de son pouvoir", indique mardi la société dans un communiqué. La semaine dernière, la société a envoyé une lettre au ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) menaçant d'arrêter immédiatement les livraisons de vaccins.
La société a pris cette décision "parce qu'elle n'est plus payée depuis décembre 2021". Récemment, pas moins de 3,5 millions de factures en souffrance ont été payées "à ; titre provisionnel". "Concrètement, cela signifie que le gouvernement se réserve le droit de tout bonnement récupérer l'ensemble des fonds. Un tel paiement n'est donc rien de plus que de la poudre aux yeux, car l'entreprise ne peut rien en faire. Medista ne peut pas courir le risque d'utiliser ce montant pour couvrir des frais en cours", explique l'entreprise, soulignant que, "pour ne rien arranger, le gouvernement a accumulé une ardoise complémentaire de 1,8 million d'euros, et cela ne tient pas compte des frais liés à la campagne de revaccination".
Medista a, dans une lettre au ministre, expliqué qu'elle se sentait obligée dans un tel contexte de suspendre les livraisons. L'autorité publique s'est pourvue en justice, laquelle a décidé que Medista devait continuer sa mission, même si le gouvernement ne la paie pas. "La santé publique n'aurait pourtant jamais été mise en danger", assure Medista. "Nous avions déjà livré en moins de deux semaines quelque 2,3 millions de doses de rappel. Les centres de vaccination pouvaient donc bel et bien continuer la campagne. Le ministre Vandenbroucke fait preuve d'ingéniosité juridique pour nous obliger à continuer à livrer car le distributeur covid qu'il a choisi pour nou s remplacer n'a pas de licences, ni les infrastructures de réfrigération nécessaires pour stocker les vaccins Pfizer".
Medista dit espérer maintenant qu'une commission d'enquête parlementaire pourra faire toute la lumière sur la manière de travailler du SPF Santé publique.
Interrogé en commission de la Chambre, Frank Vandenbroucke a souligné que "les arguments de Medista ont été rejetés par le Conseil d'Etat à 100%". Il a invité les députés qui l'interrogeaient à lire l'arrêt de la juridiction administrative prononcé en août dernier, soulignant qu'aucun appel n'avait été interjeté par Medista.
Sur le fond, le ministre a justifié l'arrêt de la collaboration avec Medista par un dépassement du budget convenu. "Les prix à l'unité (au lot) dans l'offre de Medista s'élevaient à 5.107.000 euros TVA comprise pour une durée de 4 ans", a indiqué le ministre. "Au 7 septembre 2022, on en était à 7,2 millions. On dépasse le plafond. Clair et net", a-t-il souligné. "Et dans un tel cas, le SPF est obligé d'intervenir." Au total, le SPF a payé cette année 13.950.000 euros a Medista, après 4,1 millions en 2020 et... 23,5 millions en 2021." Frank Vandenbroucke ne s'est pas inquiété de la menace d'arrêt des livraisons : " le tribunal de Bruxelles a imposé une obligation temporaire à Medista de ne pas cesser ses prestations."