Plus de 18.000 personnes à la manifestation du non-marchand à Bruxelles

Plus de 18.000 personnes ont battu le pavé dans la capitale mardi matin pour dénoncer les conditions de travail du secteur non-marchand, selon la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles. Ils étaient 22.500, d'après les syndicats. "Cette manifestation est un grand succès", s'est réjoui le secrétaire national de la CNE, Yves Hellendorff.

Le cortège s'est élancé aux environs de 10h30 à la gare du Nord de Bruxelles. Les militants ont défilé dans les rues de la capitale, arborant des banderoles aux slogans variés, tels que "Soignants fatigués, patients en danger", "Applaudir ne suffit pas" ou encore ""Soins de santé : des mains, du temps et de l'humain, Maintenant !". Un vent de fronde commun rassemblait toutes les personnes présentes venues pour dénoncer des conditions de travail devenues "intenables" et "inattractives". Même si la manifestation fut rythmée par quelques coups de pétards, celle-ci s'est déroulée dans le calme, avec une présence policière importante. 

"Les conditions salariales et de travail sont déplorables. Il est plus en plus courant qu'un service qui, auparavant, comprenait six employés, soit maintenant réduit à seulement deux temps pleins", témoigne ainsi Philippe, un infirmier de 61 ans pour qui "la crise du coronavirus a tué un métier qui était déjà lourd auparavant". 

CNE, CSC Services publics, Setca, CGSP et CGSLB dénoncent le fait que ni le fédéral ni les entités fédérées n'ont prévu, dans leur budget 2023, de mesure de soutien pour les secteurs sociaux et de santé, qui rencontrent des difficultés à recruter. La crise du coronavirus a, qui plus est, exacerbé la pénurie déjà latente de personnel soignant. 

Face à ce "désinvestissement chronique", les organisations exigent des différents gouvernements un refinancement important de tous les secteurs du non-marchand. Cela afin de permettre des conditions de travail satisfaisantes (contrats stables, horaires stables et connus à l'avance, effectifs suffisants, remplacement immédiat et systématique du personnel absent, mise en place de mesures concrètes pour diminuer la charge mentale).

Les syndicats demandent également une meilleure conciliation du travail et de la vie privée et des salaires corrects garantissant un pouvoir d'achat décent pour tous, y compris pour les jeunes travailleurs, en début de carrière. En outre, les organisations souhaitent, via leur entremise, la prise en compte des avis des travailleurs dans les prises de décisions politiques.

"Le personnel soignant est en train de crever la gueule ouverte", s'est indigné Yves Hellendorff à l'issue de la manifestation. "Ce que l'on fait aujourd'hui, c'est tirer la sonnette d'alarme. Les infirmiers et aides-soignants ont fait tout ce qu'ils pouvaient, et même plus encore. Les conditions de travail actuelles vont immanquablement entraîner une diminution de l'offre de services, de la qualité de soins ainsi que des fermetures de maisons de repos et de lits d'hôpitaux. Nous ne voulons pas de cette société-là", a-t-il déploré. "Si demain, les gouvernements qui préparent les prochaines élections n'intègrent pas un plan ambitieux pour les professions du non-marchan d, la population aura de facto des soins de moindre qualité", a-t-il averti.

Nathalie Lionnet, secrétaire fédérale du Setca, abonde : "Aujourd'hui, nous sommes face à une pénurie massive du personnel soignant qui a un impact direct sur l'offre de services des hôpitaux, et par ricochet sur le bien-être de la société", explique-t-elle. "Qui plus est, avec le recours croissant à la sous-traitance et à l'intérim médical, on commercialise de plus en plus les relations de soins. Nous désirons aujourd'hui envoyer un signal d'alarme au gouvernement. Les mesures sparadraps ne suffisent plus", a-t-elle ajouté.

Une prochaine réunion du front commun syndical aura lieu dans le courant de la semaine, afin de préparer un plan d'actions et concrétiser auprès des politiques les revendications propres au secteur.

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