Lorsque les médecins organisent des Etats-Généraux, c’est qu’il y a un problème de taille et qu’il y a des menaces de grève dans l’air. Les Etats-Généraux des anesthésistes constituent dès lors un coup de semonce important pour le gouvernement Michel Ier et Maggie De Block en particulier.
Historiquement, les deux premiers Etats-Généraux ont eu lieu en 1963 et 1964 et s’accompagnaient d’une grève massive des médecins. Les Etats-Généraux des médecins généralistes à la fin du siècle dernier ont aussi constitué un tournant.
Le fait que les anesthésistes – soutenus ici aussi par d’autres spécialités – arrivent maintenant à la conclusion de passer à une telle mesure constitue un baromètre évident du mécontentement croissant qui règne chez les médecins dans leur relation avec les autorités.
A la base de ce mécontentement: l’introduction prévue des soins standardisés à faible variabilité. Selon Jean-Luc Demeere, président du GBS et anesthésiste, la coupe est pleine. «Nous ne soutenons absolument pas le principe de la rémunération forfaitaire. En fait, il ne s’agit pas d’un montant forfaitaire mais d’une médiane sur laquelle il faudra tôt ou tard économiser. Prenons un accouchement: dans ce nouveau système, un anesthésiste ne gagnerait que 40 à 45% de son honoraire lors d’une péridurale. Ce montant serait le même lors d’un accouchement sans péridurale! On peut imaginer qu’un anesthésiste ne voudra plus poser aucune péridurale puisqu’il n’y gagnera rien! Finalement, cela ira au détriment du patient et de la qualité de la médecine.»
Forfait exclu!
«Nous sommes donc radicalement contre le forfait. Et si le forfait devient réalité, qu’il soit alors octroyé au médecin qui réalise la prestation. S’il n’y a pas de prestation, il ne doit pas y avoir de forfait alloué. Nous voulons conserver l’honoraire actuel», indique Jean-Luc Demeere.
Enfin, le président du GBS met en garde contre trois conséquences importantes possibles d’une introduction sans nuance de ce système de DRG:
1 – la sélection des patients (en raison du système d’enveloppe);
2 – l’économie sur le dos des services (problématique pour 10-15% des anesthésistes: une économie pour éviter des coûts, avec pour conséquence des risques en matière de sécurité et de qualité);
3 – l’hyperspécialisation: l’exercice dit ‘industriel’ de la médecine.
Et bien sûr, il faut à tout prix éviter ces trois conséquences.
Le vent en poupe
Les Etats-Généraux prévus ont déjà le vent en poupe: «Le succès est déjà plus grand que nous ne pensions. Nous avions loué une salle (de 250 places dans la Bibliothèque royale), mais elle sera probablement trop petite. Les anesthésistes qui sont au courant de ce que comporte ce forfait et qui commencent à se rendre compte de sa portée sont très motivés à venir», conclut le Dr Demeere.
Etats-Généraux des anesthésistes, Bibliothèque royale à Bruxelles, 7 octobre 2017.
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