«Ce n’est pas une révolution, mais c’est un travail intéressant», commentait Jacques De Toeuf (ABSyM) après la présentation du rapport final de l’audit PMG. Qui, dit-il, amène matière à discussion entre autres quant à l’intégration des postes dans l’hôpital. Il relève que «rien n’explique réellement les grandes variations de coûts, la dispersion est très étendue». La nuit noire, en revanche, ressort clairement comme un gouffre à deniers.
Jacques De Toeuf reconnait tout d’abord le boulot abattu par les auditeurs, «avec une compilation et une analyse de données non structurées», en abordant tant le quantitatif que le qualitatif, et «en rencontrant quand même les représentants de 47 postes» (sur la septantaine étudiée).
Selon lui, la recherche des facteurs explicatifs de coûts a livré des conclusions qui reflètent bien «la diversité colossale du terrain»: depuis 10 ans l’initiative a fleuri, un peu partout, chaque poste adoptant une organisation propre et les pouvoirs publics plaquant ensuite des financements dessus. «C’est très curieux. Dans ce qui nous a été présenté, rien n’explique réellement les grandes variations, la dispersion est très étendue. On voit un lien entre volume d’interactions et coûts, oui. Pour le reste, c’est assez dissocié. Il n’y a pas forcément de liaison avec la densité de population, par exemple…»
Le coût par consultation et par visite varie en fonction de l’activité globale du poste, étant plus élevé dans les PMG n’atteignant pas les 5.000 contacts annuels, rapporte le syndicaliste – «c’est logique, les mêmes frais fixes sont plus ‘couverts’ par une activité haute». Il pointe aussi que «ce qui mange littéralement les ressources d’un poste, c’est le transport et l’accueil», et visiblement l’ouverture de nuit («une notion à définir, d’ailleurs»), «avec une médiane à 2 consultations/nuit et 1,1 visite! Lors des focus groups, l’idée a germé de collaborer, en faisant attention à ne pas avoir des trajets dépassant les 45 minutes, ce qui paraît raisonnable, et à ne pas laisser tomber les résidents des maisons de repos. Le principe de regroupements est admis, car les coûts sont intenables. C’est délirant, au regard de la faible activité.»
Jacques De Toeuf souligne que les simulations effectuées par les auditeurs pour tendre à l’organisation la plus efficiente concluent à la «possibilité d’une réduction totale des coûts de 14%, par regroupement et pooling». Il rapporte encore qu’il faut pousser les missions du coordinateur – «il y a de grosses différences Nord-Sud à ce niveau» et que, de l’avis général, «le 1733 doit impérativement se mettre en route».
Des désavantages, aussi…
L’audit apporte-t-il de l’eau au moulin de l’intégration poussée des PMG au sein d’un hôpital, chère au cabinet De Block à une époque? Sans compter qu’on a pu observer que les hôpitaux faisaient parfois payer aux PMG un loyer conséquent, quand d’autres bénéficient pour leurs locaux d’accords avantageux avec les pouvoirs locaux. «Lors des focus groups, les avantages et inconvénients de la formule ont été discutés. Il est apparu des désavantages à mettre les deux sous le même toit. Ça peut être confusionnant pour les patients, tout d’abord. Et puis, un PMG tourne sur un budget de fonctionnement, au forfait, tandis que la garde hospitalière est financée sur un modèle qui est lié au nombre de passages. Dans les discussions, la cohabitation des deux formules n’est pas apparue comme très incitative pour les renvois de patients. De nouveau, le 1733 apparaît comme une solution.»
L’équipe de la ministre pourrait-elle dès lors remiser son idée de départ? S’il ne tranche pas, «l’audit fournit en tout cas matière à discussion». Et les discussions ne devraient tarder, puisque des réunions sont programmées en juin et début juillet, à propos du 1733 et de la vision de Maggie De Block sur le remodelage de l’AMU.
> Lire aussi: Audit PMG: «les postes qui font ‘du chiffre’ avantagés»
> Lire aussi: Remodelage de l’AMU: «on ne sait rien de ce que pensent les usagers»
Une opinion? Une réaction? Le débat continue sur @MediSphereHebdo