Le «baromètre Covid-19 pour les soins de 1ère ligne» a pris le pouls des soins primaires durant l’épidémie. Ce monitoring national repose sur des questionnaires en ligne journaliers que différents métiers ont complétés. L’outil reprendra du service à la rentrée, où il sera en théorie intégré dans les DMI. Qu’apprend-on du bilan tiré sur la période du 19 mars au 28 mai, pour les MG francophones?
Le questionnaire destiné aux MG a été conçu par des départements universitaires de médecine générale, essentiellement flamands. Un total de 1.022 pratiques en Wallonie et 358 à Bruxelles y ont répondu (*), représentant respectivement 2.335 et 1.018 médecins. Il y avait, globalement, plus d’assiduité en début de crise, mais +/- 200 cabinets ont complété le formulaire de façon régulière. Par endroits, jusque 30% de la population ont été couverts via cette participation.
« Les restrictions ont eu un impact visible sur les consultations », confirment les chercheurs : leur nombre était au plus bas quand l’épidémie battait son plein et elles se déroulaient principalement par téléphone. Puis, à partir du 4 mai, la part des contacts physiques a considérablement augmenté.
Le volume de consultations pour troubles respiratoires - que les auteurs considèrent comme une approximation des consultations pour covid-19 - s’est progressivement tassé. Au départ, la dernière semaine de mars, il oscillait entre +/- 400 et 600 consultations par jour par 100.000 habitants.
La charge de travail des MG a diminué après le pic des contaminations, avant de repartir à la hausse dès la réouverture des cabinets. Ceux-ci ont-ils eu des problèmes de capacité pour faire face ? Au début de la crise, « le besoin d'aide a clairement augmenté », notent les auteurs. Les répondants admettaient aussi que des tâches essentielles de la journée n’avaient pu être réalisées ou pas avec toute la qualité requise. Mais, même au début de la flambée, 60% des cabinets estimaient être ’OK’. De semaine en semaine, la situation « a été maîtrisée dans un plus grand nombre de pratiques » (**).
Meilleure visibilité de la 1ère ligne
Depuis juin, l'enquête est devenue hebdomadaire. Prochaine étape notable : la rentrée, « quand le nombre d'infections des voies respiratoires augmentera à nouveau ». C’est pourquoi, dès juillet, une version affinée du baromètre verra le jour. Elle devrait être intégrée dans tous les DMI pour fin septembre. « L'objectif est d'obtenir des chiffres représentatifs pour +/- 20% de la population. » Les chiffres issus de ce baromètre 2.0 seront, d’après les auteurs, inclus dans les bilans quotidiens de Sciensano « afin que la 1ère ligne ait une place dans le suivi de cette pandémie ».
(*) le baromètre a mieux percé en Flandre : quelque 2.400 cabinets y ont contribué, dont 500 régulièrement (soit quasi 6.900 MG concernés, le triple des confrères wallons), avec dans certains arrondissements la couverture de près de 50% de la population. Il inclut aussi des données venant des centres de tri et des médecins coordinateurs.
(**) une différence de capacité (à tout le moins autodéclarée) est à l’œuvre par rapport au sud du pays puisque, même en début de crise, plus de 80% voire 90% de cabinets flamands répondaient qu’ils géraient sans problème.
> Les résultats complets du baromètre (mars-mai 2020)