Les questions budgétaires, sous une forme ou sous une autre, occupent souvent une place de choix dans les ordres du jour de la Médico-Mut. Bien entendu, les intérêts sont divergents. Et lorsqu’il s’agit de répartir des ressources, c’est parfois la quadrature du cercle. Des hypothèses sont envisagées mais sont-elles toujours réalistes ?
A la réunion de la Médico-Mut de ce début de semaine, la situation actuelle des dépenses en soins de santé figurait à l’ordre du jour. Il apparaît qu’elles ont augmenté d’un peu plus de 8% au cours du premier trimestre 2023, par rapport à l’an dernier. Deux explications sont possibles et ne s’excluent pas l’une l’autre. Il y a eu le phénomène de rattrapage des soins de santé après la crise sanitaire. Il y a aussi eu l’indexation récente liée à la crise énergétique : elle fut en moyenne de 7,9%. Les consultations des prestataires de soins ont quant à elles bénéficié d’une augmentation d’environ 10% . Par contre, le budget alloué à la biologie clinique doit diminuer de 15%, selon l’accord médico-mutualiste de cette année. Plusieurs études ont conclu que pareille diminution est parfaitement possible. Cela correspond à une diminution de budget de 223 millions d’euros.
La question est de savoir où vont être redistribués ces 223 millions. Et là, nous dit le Dr Luc Herry (ABSyM), « les choses ne sont pas claires. Le débat est en cours mais Il est question de renvoyer 169 millions vers les hôpitaux, afin de ne pas les mettre en difficulté à cause de la perte de revenu engendrée par les restrictions en biologie clinique. Une centaine d’autres millions d’euros seraient dirigés vers les prestataires extra-hospitaliers qui sont conventionnés. Il s’agirait ici de tous les prestataires de soins consacrés et pas seulement des médecins. C’est une décision du ministre Vandenbroucke destinée à aider lesdits prestataires à payer leur facture énergétique. Enfin La première ligne s’attend à pouvoir bénéficier elle aussi des retombées des économies faites en biologie clinique. Mais là où le bât blesse, c’est qu’en additionnant les deux premières destinations budgétaires (hôpitaux et prestataires conventionnés), on obtient un total de 269 millions, pour des économies de … 223 millions d’euros. « Cela signifie déjà un déficit de 46 millions par rapport aux économies estimées », fait remarquer Luc Herry. « Nous attendons dès lors des informations plus précises et des propositions plus cohérentes. » conclut-il.
A ce sujet, les mutuelles se montrent quelque peu alarmistes. Elles voudraient s’assurer que les laboratoires ne facturent des suppléments aux patients pour compenser les pertes de revenus liés aux restrictions en biologie clinique. La réflexion est toujours en cours mais on s’orienterait vers une obligation pour le prescripteur d’analyses, d’informer le patient sur le fait que le laboratoire demande ou non des suppléments d’honoraires. Ici surgirait une autre difficulté : le généraliste ou le spécialiste prescripteurs d’analyses biologiques de dispose pas nécessairement de cette information. Il est vrai qu’elle est disponible sur le site de l’Inami mais le médecin ne sait pas nécessairement vers quel laboratoire ou centre de prélèvement le patient va se diriger. « Par curiosité, je suis allé voir la liste des laboratoires sur le site de l’Inami », explique le Dr Herry. « Il y a en tout 25 laboratoires non conventionnés, ce que j’estime approximativement à 20% de l’ensemble des labos. Et il ne faut pas croire que les laboratoires non conventionnés sont nécessairement des laboratoires privés. D’ailleurs seuls deux laboratoires ne sont pas conventionnés en Wallonie. » Alors, la crainte des mutuelles correspond-t-elle à un problème majeur ?