Comment gérer la rupture d'une relation thérapeutique face à un patient au comportement inadéquat ? (Ordre)

Le respect mutuel constitue le pilier fondamental de la relation thérapeutique entre un médecin et son patient. Toutefois, certains comportements inappropriés peuvent fragiliser cette relation au point d'entraîner sa rupture. Dans un avis récent, le Conseil national de l'Ordre des médecins clarifie les situations dans lesquelles un médecin peut, avec discernement, décider de mettre un terme à une prise en charge, ainsi que les mesures à adopter pour en assurer la légitimité et la continuité des soins.

Lorsque le comportement d'un patient est jugé inadéquat, il est essentiel que le médecin aborde la situation avec des termes mesurés. Le Conseil rappelle qu'il est légitime pour le praticien d'exprimer ses préoccupations, de fixer des limites et de mettre le patient en garde quant aux conséquences éventuelles sur leur relation. Le médecin reste, cependant, ouvert aux doléances et critiques constructives du patient, pour autant qu’elles se maintiennent dans le cadre d’un échange respectueux.

Une décision mûrement réfléchie

La rupture de la relation thérapeutique ne doit pas être la réponse automatique à tout différend. Dans un contexte où la demande de soins dépasse l’offre, il est impératif de privilégier la réflexion avant de mettre un terme à la prise en charge. Le Conseil insiste : le simple exercice par le patient de ses droits ne constitue pas un motif valable de rupture. La décision doit être posée en toute conscience et en temps utile, en permettant au patient de se tourner vers un autre praticien. En cas de rupture, il incombe également au médecin d'assurer la continuité des soins, notamment pour les situations urgentes, et de transmettre les informations nécessaires au suivi.

Rupture immédiate dans les cas de violence ou de menaces

Le Conseil de l’Ordre soutient une réaction immédiate si le comportement du patient met en danger la sécurité physique ou psychique du médecin. Dans des cas de violence, de menaces ou de pressions pour poser des actes non justifiés, voire illégaux, le praticien est en droit de rompre la relation sans délai. Afin de sécuriser cette démarche, il est conseillé que le médecin ne soit pas seul lors de l'annonce de la décision. Dans de tels cas, orienter le patient vers une structure plus adaptée, dotée de moyens et d’une expertise adéquate, s’avère indispensable.

Documenter et sensibiliser pour prévenir les violences

Les actes de violence envers les soignants, sous toutes leurs formes, demeurent inacceptables. Le Conseil national encourage les médecins victimes de violence à documenter ces événements sur son site, via un formulaire spécifique, afin de sensibiliser les autorités à cet enjeu préoccupant. Une affiche mise à disposition des praticiens peut également contribuer à promouvoir une culture de respect dans les salles d'attente.

Enfin, lorsqu’un médecin rompt une relation thérapeutique en raison du comportement d’un patient, il lui est demandé d’informer le conseil provincial de l’Ordre des médecins, en exposant les raisons de cette décision. Cette démarche vise à "renforcer la transparence et à préserver la dignité de la profession, tout en rappelant l’importance du respect mutuel comme socle indispensable de la relation de soins" précise l'Ordre dans son avis

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