Des médecins s'inquiètent de manquements dans les transferts de détenus malades

Des médecins pénitentiaires s’inquiètent. Trop souvent, des prisonniers malades ne sont pas conduits vers les hôpitaux civils ou les centres médicaux carcéraux, à la suite d’indisponibilités du « corps de sécurité ». Ces agents expriment des revendications corporatistes. Peut-être sont-elles légitimes, mais d’importants rendez-vous médicaux sont annulés ou reportés. Qu’en pense Koen Geens?

Il arrive régulièrement que les conditions de détention dans notre système pénitentiaire fassent l’objet de discussions, de critiques et de débats. Des insuffisances y sont régulièrement pointées du doigt, souvent en relation avec un manque de moyens attribués à la Justice en général, et dans un contexte où la santé est déjà problématique dans une population aux caractéristiques particulières. Mais, depuis environ deux ans, un autre problème de taille s’y ajoute : des manquements dans l’accès aux soins externes, qui peuvent avoir des conséquences fatales chez les patients détenus.

L’information nous vient du Dr Skrzypek, généraliste à Pepinster, médecin à la prison de Lantin et médecin référent à la Direction générale des établissements pénitentiaires. Selon lui et plusieurs confrères exerçant en prison, le problème est posé par le « corps de sécurité » sensé assurer le transport des détenus malades ou accidentés vers les hôpitaux civils ou les CMC (les centres médicaux carcéraux, qui disposent de blocs opératoires, au sein des établissements pénitentiaires de Bruges, Saint-Gilles et Lantin).

« Des rendez-vous souvent importants sont annulés et reportés suite à l'impossibilité de ce transport. Des séances de radiothérapie sont supprimées en plein protocole, des consultations urgentes suite à de lourds traumatismes ne sont pas assurées, et il en va de même pour d'autres rendez-vous ne pouvant se faire en CMC. C’est le cas notamment d’IRM qui, après plus d'un an, ne sont toujours pas réalisées pour cette raison. Jusqu’ici, les séances de chimiothérapie ou de dialyse ne sont pas concernées, mais jusqu’à quand ? »

Le problème s’observe dans l’ensemble du pays, même s’il est plus patent dans le sud. La cause tiendrait dans le fait que le corps de sécurité va être transféré du SPF Justice au SPF Intérieur. Ses employés seraient donc grosso modo assimilables à des policiers, ce qu’ils ne souhaitent pas.

Les médecins de prison ont attiré l'attention des responsables sur ces dérives. A la mi-janvier, Koen Geens, le ministre de la Justice, a averti les fonctionnaires du corps de sécurité que tout nouveau manquement injustifié à leurs obligations entraînerait des sanctions. A suivre.

> Un article plus détaillé sur le sujet est dans l’édition n°578 de Medi-Sphère. Cliquez ici pour le lire en ligne.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.