Pour les généralistes des chambres bruxelloise et wallonnes de l’ABSyM, il n’est plus question en cas de 2ème vague de covid de se voir imposer un modus operandi exclusif. « Dans notre métier multitâches et multisensoriel, on doit garder la liberté de choisir nos ‘armes’ », expose Nicole Van Nieuwenhuyse, administratrice à l’ABSyM Bruxelles.
Les généralistes cernent mieux, à présent, les atouts et limites de la consultation téléphonique, vidéo et du contact présentiel dans la prise en charge des patients en temps de covid, expose la généraliste bruxelloise. « Il faudra, s’il y a une 2ème vague, faire confiance au libre-arbitre de chacun.
Le généraliste optera pour l’outil qu’il juge le plus adapté, ce qui est plus facile quand on connaît le patient. C’est important, également, qu’il connaisse le motif de la consultation, ce qui va influencer son choix. Tout comme divers facteurs, tels l’existence d’un confinement, le fait de disposer d’EPI, de locaux adéquats, d’une organisation sur rendez-vous, celui d’être soi-même à risque ou pas… La décision relève de la gestion de cabinet », développe Nicole Van Nieuwenhuyse, administratrice à l’ABSyM Bruxelles.
« Mi-mars, début avril, il a fallu choisir. On a privilégié la consultation par téléphone », poursuit-elle. Elle fait observer les forces et faiblesses de chaque outil de la panoplie. Le téléphone est rapide, permet d’opérer un tri et de maintenir un contact plus fréquent, mais condamne le MG à se concentrer sur la seule voix du patient. La vidéo-consultation montre le patient dans son environnement, se prête à des contacts routiniers - moins à faire l’anamnèse d’un nouveau venu et lui ouvrir un dossier. Bien sûr, le MG est privé de l’apport d’un examen clinique et la fracture numérique exclut une partie de la population de cette solution. S’il fait figure de must, le présentiel a ses exigences (réorganisation, protections, désinfection, …) et sa durée.
« On n’est plus dans le même contexte qu’en mars. L’impréparation à une crise a conduit à des options extrêmes. L’insuffisance d'équipements (EPI) pouvait, alors, expliquer la nécessité de recourir à la consultation à distance », indique Luc Herry, président de la Chambre Liège/Luxembourg. « Mais il n’est plus question à présent d’imposer une formule aux médecins. » « Cas suspect ou non, le MG doit pouvoir décider entre la consultation virtuelle et présentielle », abonde David Simon, administrateur à la Chambre Hainaut/Namur/Brabant wallon.
Pour diverses raisons à l’époque (rôle assumé de filtre prévenant la saturation des hôpitaux, encouragement de l’auto-isolement des cas suspects et de la logique du confinement, manque d’EPI…), la pratique à distance avait été prônée par les représentants de la profession - on songe au Collège, dont fait partie l’ABSyM - en collaboration avec Sciensano, qui l’a formalisée dans ses procédures. Les autres représentants changeront-ils de ligne de conduite si cela flambe à nouveau ? Les MG francophones de l’ABSyM « ne pensent pas que ceux-ci s’accrocheront à tout prix à imposer la formule distancielle ». « L’approche à avoir est en discussion au comité soins primaires du SPF Santé publique, avec les cercles, les syndicats, Sciensano, les Régions… », précise le Dr Herry.
Quoi qu’il en soit, au vu du déficit en soins ou en suivi des patients souffrant d’autre chose que le covid durant la crise, « il faut bannir le message ‘ne vous rendez plus chez le médecin’. Le conseil à donner doit être ‘ne renoncez pas à vous soigner, téléphonez au généraliste, les généralistes sont là, à la disposition des patients », insiste Nicole Van Nieuwenhuyse.
D’après une interview groupée avec les Dr Van Nieuwenhuyse, Pevée, Herry et Simon - MG francophones de l’ABSyM -septembre 2020