La fonction de pharmacien «de référence» fait mouche, à en croire les premières évaluations de l’APB, tant parmi ses membres que dans le public. Un pharmacien de référence se concentre e.a. sur la tenue du ‘schéma de médication’. A ce stade, il l’imprime et le remet au patient. Mais l’APB caresse l’espoir de basculer vers un format informatisé, à partager avec les médecins francophones via les coffres-forts des hubs régionaux.
«Un pharmacien accède à toute la médication du patient, y compris l’automédication et les ‘non-médicaments’ susceptibles d’interagir avec le reste. Il consigne le tout dans un ‘schéma de médication’, avec les bonnes posologies, les indications sur les bons moments de prise, etc.», dépeint Alain Chaspierre, porte-parole de l’APB. A ce jour, les pharmaciens établissent ce schéma à l’écran, sur leur ordinateur, puis l’impriment et le donnent au patient, avec l’idée que celui-ci le soumette à son médecin traitant pour validation.
La digitalisation permettrait d’éviter les actuelles faiblesses de ce modus operandi: il y a des patients qui oublient d’emporter ce schéma en consultation, ou en possèdent une version déjà dépassée. En Flandre, les officines génèrent un schéma informatisé directement sur Vitalink [le coffre-fort de la première ligne de soins flamande, ndlr], signale Alain Chaspierre, mais «côté francophone, les Réseaux santé wallon et bruxellois ne sont pas à ce stade ouverts aux pharmaciens. Notre demande, à l’APB, est de pouvoir à l’avenir exporter le schéma de médication dans les coffres-forts francophones, pour qu’il soit accessible aux prescripteurs qui soignent le patient.» Ce faisant, l’union professionnelle dit viser la complémentarité, et en rien la concurrence.
«Et nous ne voulons certainement pas accéder à toutes les données médicales du patient», poursuit Alain Chaspierre. «Toutefois, cela nous intéresserait de disposer de l’indication. Si je reçois par exemple une prescription pour un corticoïde inhalé, je ne sais pas si c’est pour de l’asthme ou une BPCO. Je dois l’inférer à partir d’autres éléments en ma possession. Or, c’est dans l’intérêt du patient que le pharmacien ait directement cette information, pour dispenser un message qui soit cohérent.»
Dans l’intérêt du patient, mais aussi du système de santé. «Au sommet de la pyramide des patients chroniques, vous avez 10-15% de personnes polymorbides, en grande dépendance, entourées par une équipe pluridisciplinaire. Ici, on ne parle pas du pharmacien, il n’est pas à leur chevet. En revanche, il constitue, avec le généraliste, le prestataire consulté prioritairement par les 85% restants, les malades chroniques plus autonomes. Si on arrive à travailler en bonne intelligence, on peut agir, ensemble, sur la compréhension du traitement, sur l’observance thérapeutique… et freiner ainsi le basculement de ces patients dans la catégorie des 10-15% qui réclament des prises en charge bien plus onéreuses.»
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