«Le TP obligatoire nuit à la relation de confiance»

Un front commun associant GBO, ABSyM, Fag et SSMG, rejoints par le syndicat de MG flamands SVH, prie instamment le gouvernement Michel de postposer l’obligation du tiers payant. Un régime d’application forcée face aux BIM, mais interdit avec d’autres patients qui peuvent être en difficulté, regrette les signataires. Ils réclament un consensus respectueux de leur revendication - ne pas altérer la relation MG/patient - ainsi que des modalités pratiques qui ne les lèsent pas: paiement rapide, pas d’exigence technique impraticable…

 

Témoins de la dégradation des conditions socio-économiques, les MG n’en disconviennent pas: il est de première importance de garantir l'accessibilité aux soins pour les plus démunis. Mais l'accès à la bonne santé est, souligne le front commun, tributaire de facteurs culturels, géographiques, psychologiques, organisationnels et financiers. Aussi, prétendre gérer l'accessibilité par le seul facteur financier est-il «dangereusement réducteur et risque de n'être que démagogique», estime-t-il. D'autant plus que «le législateur envisage l'application contraignante du TP pour les BIM et restreint fortement son application pour les autres bénéficiaires». Avec pour conséquence d’hypothéquer l’accès aux soins de certaines personnes «en difficulté mais non BIM».

Les quatre signataires francophones et le SVH font observer que le médecin généraliste détenteur du DMG est bien placé pour reconnaître les patients dont la situation financière réclame de travailler en TP. La profession fait déjà bénéficier du TP ces patients précarisés, ou leur propose un paiement différé, après remboursement par leur mutuelle. «Dans l’un et l’autre cas, c’est un service que le médecin généraliste offre à la population dans le besoin. En aucun cas, ce service ne doit devenir obligatoire ni se généraliser sous peine de dévaloriser la médecine générale et d’altérer la relation médecin-patient

 

Pas d’entraves au quotidien

Voilà pour les principes. Sur le plan pratico-pratique, maintenant, ce tiers payant jugé utile par le MG traitant, doit «pouvoir se faire sans coût pour le médecin, de manière aisée et immédiate comme par l’usage d’un terminal de paiement». Cela renvoie aux passes d’armes avec les mutuelles, occupées à façonner le TP électronique et qui – nous ont rapporté des représentants des médecins – veulent à des fins de contrôle de la réalité des prestations, que soit checkée la présence du patient en face du MG par lecture de sa carte d’identité électronique. «Ceux qui exigent cette manoeuvre à chaque contact n’ont jamais assuré de consultations. C’est déjà la croix et la bannière pour obtenir une ‘bête’ vignette», illustre Marcel Bauval, vice-président du GBO. «Alors ne parlons pas de la carte d’identité: le patient l’aura perdue, oubliée, laissée au voision pour qu’il aille pour lui chez le pharmacien, ou elle sera illisible… Et il y a un risque qu’on ne récupère pas, ou péniblement, nos honoraires.» Les signataires refusent donc l’entrave «d’exigences fréquemment non réalisables».

Autre revendication: que le paiement par les OA intervienne sans délai. «Les conditions techniques actuelles obligent souvent le médecin à travailler gratuitement, au service de certains patients. Les dispositions futures prévues aggraveront ce phénomène», se méfie le front commun.

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