Nous vous avions annoncé sa concrétisation depuis plusieurs mois, le Plan "sevrage benzodiazépine" est à présent sur les rails. L’accord a été signé entre l’APB et l’INAMI. L’information nous a été confirmée par l’APB : « Il entrera en vigueur le 1er février. »
Pour rappel, avec 1,15 million de DDD (Defined daily Doses ou doses journalières définies; chiffres APB 2019), la Belgique se situe parmi les plus gros consommateurs de benzodiazépines et d’hypnotiques de type Z (BZRA).
Alain Chaspierre, directeur général de la Société Scientifique des pharmaciens francophones( SSPF, ) détaille dans les grandes lignes le Plan "sevrage benzodiazépine" comme il devrait entrer en vigueur le 1er février 2023... même si certains éléments pourraient encore évoluer. En effet, ce plan devait à l’origine entrer en vigueur le 1er avril 2023. Il a été avancé probablement pour ne pas démarrer en même temps que la revue de médication qui commencera, elle, en avril.
Quel patient est concerné ? « Le plan de sevrage s’adresse à des patients qui ont 18 ans et plus en ambulatoire. Ces personnes doivent avoir un usage chronique (à partir de 3 mois d’utilisation) d’une benzodiazépine avec en première indication l’ insomnie. A partir de ce moment-là, la personne est éligible au plan. Le patient ne peut utiliser qu’une seule benzodiazépine. S’il utilise plusieurs benzodiazépines, il faut d’abord que le patient réduise sa consommation à une seule benzodiazépine. A partir de ce moment-là, seulement, le patient peut entrer dans le plan de sevrage. Pour que le plan commence, le patient doit signer un formulaire d’accord (un contrat thérapeutique tripartite) avec le médecin et le pharmacien. « Ce type de plan va renforcer le dialogue entre les médecins et les pharmaciens autour du patient. » Le patient ne doit rien payer de plus que le prix de sa boîte pour suivre ce plan.
Quelle consommation maximum ? « La consommation maximum de benzodiazépine par le patient est de 3DDD pour intégrer ce plan de sevrage. Au-delà, il faut une prise en charge spécialisée. »
Le pharmacien : Le pharmacien peut avoir un entretien d’initiation avec le patient et un entretien de suivi (ce n’est pas obligatoire). En partant des spécialités prises par le patient, il réalise les préparations qui permettront le sevrage. Le pharmacien ne peut réaliser qu’un palier à la fois. Pour les paliers, il y a différents schémas possibles. C’est le médecin qui les détermine. Quand il y a 5 paliers, il y a une réduction de 20% des doses. Quand il y a 10 paliers, la réduction est de 10% des doses. Un palier peut durer maximum 30 jours. Le patient a droit à avoir deux rallonges s’il ne se sent pas bien. Il peut donc prolonger au maximum de 2 fois 30 jours. Ce qui fait que le plan de sevrage peut durer au maximum un an.
Le médecin : Le patient doit d’abord signer un formulaire d’accord avec son médecin généraliste. Le patient amène ensuite ce formulaire à son pharmacien. Cela amène donc un contrat thérapeutique tripartite.
Honoraires : Le médecin est payé pour sa consultation de suivi et le pharmacien a la rémunération habituelle pour les traitements délivrés. Le pharmacien est payé, en plus, pour les deux entretiens d’initiation et de suivi avec le patient qui ne sont pas obligatoires. Cela représente un peu plus de 22 euros par entretien.
Communication aux médecins et pharmaciens : Une communication va être lancée par les associations professionnelles en janvier et par l’Inami. La SSPF en collaboration avec le SSMG va faire une formation à l’attention des pharmaciens et médecins. Un webinaire qui va s’appeler « déprescription et sevrage des benzodiazépines, pourquoi, quand et comment y contribuer ? » aura lieu le 18 avril. C’est la date initialement prévue. "Nous allons évidemment essayer d’avancer la date vu le changement de calendrier par les autorités."
Réunion locale et formation des pharmaciens et médecins: La SSPF a un programme dans le cadre de la concertation médico-pharmaceutique. Le programme s’appelle “usage rationnel des benzodiazépines en ambulatoire”. Il va être adapté pour inclure le sevrage. "Nous allons former les animateurs au début du mois de janvier. Dans le courant du mois de février, les pharmaciens et les médecins qui le souhaitent pourront organiser des réunions locales pour discuter ensemble de la mise en oeuvre de ce plan de sevrage sur leur terrain. Au fil des mois, ils pourront aussi évaluer le plan à leur niveau et mettre en place des indicateurs (nombre de plan lancé, nombre de benzodiazépines prescrits...) "
L’objectif de ce plan « sevrage » est soit d’obtenir l’arrêt total de la consommation, soit de stabiliser celle-ci à une dose inférieure à celle qu’utilise le patient, en s’efforçant d’atteindre le niveau le plus bas possible.