Nouveau paradigme dans l’organisation du social-santé, les bassins d’aide et de soins intègrent les dimensions sociale et santé en misant sur leur complémentarité. Ils sont en cours de réalisation sur le terrain en Région Bruxelloise. Brusano explique et constate de la part des MG “ autant d’attitudes vis-à-vis de la démarche que de modes de pratique”
Dans le contexte socio-économique actuel, où de nombreuses personnes se trouvent en situation complexe, avec des problèmes de tous types largement intriqués, la prise en charge de la santé ne peut plus se limiter au seul aspect médical. C’est à partir de ce constat que vont se construire les bassins de soins. « Un bassin d’aide et des soins » affiche l’asbl Brusano sur son site internet, « c’est un territoire de 200.000 à 300.000 habitants, à l’échelle duquel il est nécessaire de développer une organisation de soins et d’accompagnement social-santé cohérente et coordonnée avec les quartiers et la Région. »
5 bassins en région bruxelloise
Après des phases d’exploration, de consultation et de concertation qui se poursuivaient depuis 2022, le démarrage de ces bassins d’aide et de soins prend forme en région bruxelloise depuis le début de cette année 2024. « Cinq bassins sont organisés pour la région bruxelloise : Nord, Nord-Est, Sud-Est, Sud et Centre-Ouest », explique Gaétane Thirion, coordinatrice chez Brusano, l’asbl chargée de rassembler, dynamiser et soutenir les acteurs du social-santé à Bruxelles. Cela fait un an et demi que Brusano collabore avec le Centre Bruxellois de Coordination Sociopolitique (CBCS) ainsi que toute une série d’autres acteurs : ambassadeurs des soins psychologiques dans la 1ère ligne, BruZEL (eerstelijnzone Brussel), coordinations sociales, etc. L’objectif est d’identifier les besoins et actions prioritaires à mener dans les bassins. Les résultats rencontrent les 4 missions définies par le pouvoir politique.
Explorer la situation
« Il s'agit dans un premier temps », précise Gaétane Thirion, « d’explorer la situation dans la zone concernée, d’en faire une sorte de cartographie, afin de dégager les enjeux et les priorités locales ». Il faut aussi soutenir les dynamiques locales et la collaboration entre les acteurs du social et de la santé, ce qui constitue la deuxième mission des bassins de soins. Mais pour une action efficace, le simple soutien ne suffit pas. « Il faut donc veiller à coordonner les initiatives des acteurs concernés et orienter ces initiatives vers les groupes sociaux qui en ont le plus besoin (3e mission).
La dernière mission est une mission de prévention, qui consiste à mettre en place les conditions qui permettront d’apporter aux populations aidées les moyens d’améliorer leur propre santé. « C’est le rôle des équipes de Brusano de piloter la mise en œuvre de ces missions dans les cinq bassins bruxellois », précise la coordinatrice.
Qu’en pensent les généralistes ?
Tout cela s’est déroulé en concertation avec les associations de médecins généralistes de Bruxelles, la FAMGB et la BHAK. Les deux associations, comme telles, ont suivi et soutenu la mise en place des bassins. « Au niveau des généralistes eux-mêmes », dit Gaétane Thirion, « il y a autant d’attitudes vis-à-vis de la démarche que de modes de pratique. Il y a des positions attentives et positives mais aussi des réticences. Pour toute une série de généralistes, cela fait du sens de penser des dispositifs permettant aux professionnels du social-santé de se connaître, se coordonner et de faire appel à des équipes spécifiques pour aider plus largement que sur le seul plan médical des populations engluées dans des situations complexes.
Mais pour d’autres, le bouleversement que cela implique dans leurs habitudes professionnelles suscite une inquiétude. Il faut bien reconnaître que c’est un véritable changement de paradigme et que la surcharge de travail à laquelle font face les généralistes n’est pas de nature à les encourager à participer, en plus, à des réunions de coordination à l’échelle du bassin. »
Des ateliers du changement
Et d’ajouter que les équipes de Brusano sont attentives à aller à la rencontre des médecins généralistes pour comprendre quelles sont leurs attentes et quelle est la vision qu’ils ont de leur participation au développement des bassins de soins. Les « ateliers du changement » leur sont ouverts pour leur permettre de mieux comprendre le processus et la place qu’ils peuvent y occuper. La page correspondant à chaque bassin informe sur les modalités concrètes de fonctionnement de ces ateliers. Par ailleurs, d’autres modalités de rencontre sont en réflexion pour permettre l’implication de tous. Les équipes de coordination peuvent être contactées directement.
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