« Les généralistes de Charleroi font entendre leur voix » était le titre d’une journée de réflexion ce week-end de la Fédération des Associations des Médecins Généralistes de la Région de Charleroi (FAGC). Après une matinée de débats en ateliers, les participants ont interpellé les quelques représentants des pouvoirs publics venus écouter leurs doléances.
Les déterminants de la santé sont nombreux et ne sont pas nécessairement tous aux mains des soignants de première ligne. A côté de plaintes purement somatiques, le généraliste reçoit de nombreuses plaintes d’un autre ordre. Et il se trouve souvent fort démuni face à elles. « Que fait l’urbanisme pour intervenir auprès des propriétaires de logements humides et couverts de moisissures » clame un confrère dans la salle, « alors que nous sommes sans cesse interpellés par des patients victimes d’infections respiratoires ? » Et le Dr Patrick Jadoulle, président de la FAGC, d’ajouter « Il faut bien dire que lors de nos visites à domicile dans certains logements sociaux, nous découvrons des situations inacceptables ».
Beaucoup de doléances
Les participants soulignent la difficulté d’obtenir un contact avec différents services dépendant des administrations communales : longues attentes au téléphone, renvoi de service en service, déclaration de non-compétence… C’est vrai aussi, par exemple, pour certains psychologues de première ligne. Des confrères font également remarquer que la population manque cruellement d’éducation à la santé alors qu’il existe de nombreux endroits où elle pourrait être dispensée. « Que fait-on dans les écoles ? » entend-t-on dans la salle. « Au lieu des ‘cours de rien’, pourquoi ne parle-t-on pas d’hygiène et de santé dans l’enseignement ? »
Et pour la première ligne, « que fait-on pour attirer les jeunes généralistes dans la région ? Et pour qu’ils s’y plaisent et y restent pour exercer ? Il y a des problèmes de locaux, des problèmes de surcharge administrative, de gestion informatique… » Un confrère demande pourquoi les pouvoirs publics ne prendraient pas en charge une partie des frais liés à l’aide que pourrait apporter au médecin une infirmière ou une secrétaire administrative. Pour l’instant, s’ils veulent être aidés, les médecins doivent supporter ces frais-là. Ou bien ils doivent tout faire eux-mêmes, au détriment du temps qu’ils consacrent aux patients.
Facilitateur de santé
Quelques réponses données par les édiles présentes dans la salle étaient du type « ce n’est pas de mon ressort ». Mais on a heureusement entendu des réponses positives. Ainsi le Service Santé de la ville de Charleroi, malgré un budget limité, s’efforce de couvrir quelques-uns des besoins évoqués. Il tente de sensibiliser la population à une alimentation saine, promeut le sport, organise des conférences et surtout, a mis sur pied la fonction de facilitateur de santé. Il s’agit de personnes qui, dans un cadre donné, apportent leur aide aux personnes en difficulté en les amenant autant que possible à prendre elles-mêmes leur santé en main. Il y a encore d’autres actions, comme à Walcourt où ont été aménagés des logements pour les assistants en médecine générale. A Fontaine-l’Evêque, où le président de la CPAS (un médecin), s’efforce de lutter non seulement contre la précarité mais aussi contre l’isolement social, deux déterminants de la (mauvaise) santé.
Bref, des réalisations existent mais les moyens sont souvent limités et il reste beaucoup à faire.
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