Les généralistes sont-ils “Evidence Based Practice” ? (Enquête)

La réponse est mitigée. De nombreux praticiens de première ligne disent avoir recours à l’information sur l’Evidence Based Practice (EBP), mais les sources et les outils sont encore méconnus d’une bonne partie des acteurs… Et il existe des obstacles à la mise en œuvre dans la pratique quotidienne, selon une enquête du Cebam.

Le Centre Belge pour l’Evidence Based Medicine (Cebam) a réalisé une enquête concernant la connaissance et l’application des pratiques fondées sur les preuves chez les prestataires de soins de première ligne . Les médecins généralistes sont 874 à avoir répondu au questionnaire. Ils représentent près de 40% de l’ensemble des répondants. (​​infirmier·ère·s, ergothérapeutes, dentistes, diététicien·ne·s, pharmacien·ne·s, kinésithérapeutes, logopèdes, sage-femmes, podologues et psychologue clinicien·ne·s)

Près d’une moitié des répondants consacrent entre une et trois heures par semaine à la mise à jour de leurs connaissances mais quelques-uns (1,3%) déclarent ne jamais le faire.

Les néerlandophones sont plus nombreux à avoir entendu parler d’EBP que les francophones (95,1% vs 82,4%). Mais la notoriété des structures est manifestement perfectible . Les bases de données internationales et les sites professionnels d’information tels que Minerva, CDLH (Cebam Digital Library for Health), ebpracticenet, … sont connus de 40 à 60% des répondants, selon les cas. WOREL, le Groupe de travail Développement de recommandations de première ligne, est toutefois peu connu.  

Trois éléments sont aussi importants les uns que les autres pour fonder l’EBP : les résultats de la recherche scientifique, l’expertise clinique du prestataire et les préférences du patient. La quasi-totalité des prestataires accorde pourtant la primauté à la recherche. Et moins de la moitié d’entre eux connaissent et utilisent des outils d’évaluation de leur pratique. Au total 42,5 % des répondants ont suivi une formation sur quatre axes de l’EBP : formuler une question, rechercher des sources, évaluer les informations, mettre en œuvre les recommandations. Mais 7 sur 10 estiment « extrêmement » ou « très » important de suivre une formation dans les quatre domaines. L’activité « Apprendre à formuler une question clinique sur base d’un problème clinique » remporte le taux d’adhésion le plus faible (45,6%). Les auteurs du rapport en tirent toutefois la conclusion que les répondants veulent non seulement apprendre mais encore « mettre en œuvre l’EBP dans leur pratique quotidienne. »

Lorsqu’ils effectuent des recherches, ce que font 8 sur 10 des répondants, c’est essentiellement via des moteurs de recherche qu’ils le font et deux tiers d’entre eux s’y adonnent au moins une fois par mois. Les informations reçues pendant la formation professionnelle restent une autre source importante pour 91,9%. Ceux qui n’ont pas suivi de formation à l’EBP ont plus tendance à y puiser que les autres.

D’une manière générale, les répondants considèrent que l’EBP est indispensable dans leur pratique quotidienne, les aide à prendre des décisions et améliore la qualité des soins. Quelques-uns - 23,36% des francophones et 13,2% des néerlandophones - estiment que « des exigences déraisonnables » constituent des limitations à l’application de l’EBP dans la pratique quotidienne. L’enquête a également interrogé les acteurs de première ligne sur leur confiance dans leur niveau de compétence actuel. C’est surtout dans la compréhension des besoins des patients qu’ils se sentent les plus assurés. Ils le sont moins quant à l’évaluation de la pertinence des informations trouvées. 

Au total, précise le rapport, 73,9% des répondants ont collecté des informations EBP au moins une fois par mois. Mais peu (8,4%) en discutent chaque jour avec leurs patients et la moitié des répondants ne partagent pas ces informations avec deux ou plusieurs collègues. Les proportions sont nettement plus fortes chez ceux qui ont suivi une formation. Près de sept répondants sur dix (plus de néerlandophones que de francophones) se déclarent prêts à ajuster leurs actions s’ils recevaient un feed-back à leur propos, par exemple un indicateur de qualité. 

Ce qui faciliterait le recours et l’utilisation des informations concernant l’EBP, ce serait qu’elles soient compréhensibles, adaptées au contexte belge et accessibles dans la langue maternelle de l’utilisateur. Pour 45,1% des répondants, l’organisation actuelle des soins de santé empêche d’appliquer l’EBP.  Les répondants déclarent aussi que les actions de la deuxième ligne entrent souvent en conflit avec l’ABP dans les soins de première ligne. Une harmonisation est donc souhaitable.

>  Lire le rapport complet 

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