Le Conseil technique médical (CTM) va se pencher sur les visites dans les homes, et plus spécifiquement sur la notion de visite simultanée, rapporte le GBO, qui avait introduit une demande en ce sens en médico-mut. Pour lui, une revalorisation serait bienvenue, au risque de voir la profession se désintéresser de cette activité chronophage.
Pour mémoire, le service de data mining de l’agence intermutualiste (AIM) avait exposé lors d’une précédente médico-mut le verdict de ses travaux sur l’attestation des visites en MR(S) : sur 11.115 MG qui, en 2017, avaient vu au moins deux résidents le même jour au même endroit, 8.058 avaient porté en compte deux visites distinctes. En d’autres termes, seuls 30% employaient les codes appropriés de la visite multiple.
Marcel Bauval, vice-président du GBO, relate avoir souligné à la séance de la medico-mut d’hier soir que ‘le même jour’ pouvait dire une venue en matinée et une autre l’après-midi. Plus fondamentalement, le syndicat a réclamé qu’on éclaircisse les choses. « On ne cherche pas à défendre des médecins qui frauderaient sciemment. Cependant, un taux de 70% de confrères qui font un usage incorrect de la nomenclature, c’est interpellant. Aussi avons-nous demandé, et cela a été accepté par Jo De Cock [le patron de la médico-mut, ndlr], que le CTM analyse la situation, définisse mieux ce qu’est une visite simultanée en dehors du résidentiel et en résidentiel, et que soit envisagé un ajustement de nos honoraires à la réalité des prestations. »
« C’est fort différent de s’occuper de deux membres d’une famille à la faveur d’un même passage et de s’occuper de deux résidents de MR(S) », développe le Dr Bauval. « Celles-ci sont devenues des mastodontes, accueillant parfois 150 personnes, avec plusieurs étages et du personnel différent affecté à chacun. Pour le MG, ce n’est pas évident de dénicher la ‘bonne’ infirmière, qui puisse lui exposer le motif de l’appel, lui donner le dossier… Sans compter qu’il faut encore localiser le résident : il peut être à une séance de kiné, un atelier d’ergothérapie ou une animation dans une toute autre aile. Bref, sauf à imaginer qu’on vous amène dès votre arrivée les résidents concernés, l’un après l’autre, à l’infirmerie, une visite en MR(S) dite ‘simultanée’, c’est chronophage. Parfois, c’est pire qu’aller dans deux immeubles. » D’après le syndicaliste, les partenaires de concertation, y compris les mutuelles, n’ont pas contesté cette description. Dossier à suivre, donc, après analyse par le CTM.
Les constats de l’AIM vont trouver leur prolongement dans deux lettres en voie d’expédition, l’une vers les 30% de « bons élèves », l’autre vers les 70% restants. « Cette seconde version n’est pas agressive. Si elle émane de l’AIM, c’est parce que celle-ci agit dans le cadre du ‘plan d’action en matière de contrôle des soins de santé’, qui vise à un usage optimal des deniers publics. » Y a-t-il des suites à redouter, pour les MG ? « Cette agence n’a aucun pouvoir de sanction », indique Marcel Bauval. « Bien sûr, le SECM [le Service d’évaluation et de contrôle de l’Inami] pourrait en théorie se servir de ses conclusions, mais on n’en pas là. On est dans l’information. »
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