Le Fag, par la voix de son président Guy Delrée, ne dissimule pas sa déception. Le cabinet Prévot lui a signifié que les représentants des MG dans le futur OIP wallon en charge de la santé – l’AViQ – seraient les syndicats médicaux, point barre. «Drôle de signal vers les cercles», estime-t-il, à la veille de deux chantiers à ancrage territorial que sont les soins intégrés aux malades chroniques et l’hospitalisation à domicile.
Petit rappel des faits. Maxime Prévot a travaillé à créer un OIP tout-en-un, réceptacle des compétences régionales passées et nouvelles en matière de santé et protection sociale. Le mastodonte à 800 fonctionnaires sera lancé en janvier sous la dénomination «AViQ», pour Agence pour une vie de qualité. Il possédera trois grandes branches: santé et bien-être, familles et handicap. C’est au sein de la première que l’on retrouvera les émissaires des médecins, se partageant 12 mandats avec les autres professions de la santé, les établissements de soins, mais aussi les acteurs de l’aide à la personne. Pas mal de métiers et de secteurs à caser sur le même banc, donc, quand les mutuelles reçoivent à elles seules 12 sièges aussi, ont fait observer les MG.
Par qui la médecine générale sera-t-elle représentée au comité de branche? Pas par le Fag, soupire Guy Delrée, son président. «Alda Greoli [la cheffe de cabinet de Maxime Prévot, ex-secrétaire nationale de la mutualité chrétienne, ndlr] m’a informé lors d’une rencontre fin novembre que ce serait uniquement via les syndicats. Je ne lui ai pas caché que, pour nous, c’était la douche froide.»
Le Dr Delrée se remémore les exhortations du cabinet: «On nous a dit: ‘proposez, rassemblez-vous entre prestataires, donnez des idées…’ C’est ce que nous avons fait [le Fag a été l’initiateur d’une plate-forme de discussion entre différentes associations de métiers de la première ligne, lire Medi-Sphere n°480 et 484], nous avons travaillé sur leur projet, suggéré des aménagements… Nous avons attendu, attendu… mais jamais reçu le moindre accusé de réception, ou le moindre commentaire positif ou négatif sur notre input… pour au final être mis de côté.»
On ne sait encore le poids de l’Agence en gestation dans les politiques mises en place, au final, par la Région. On le verra à l’usage. D’après Guy Delrée, Alda Greoli prévoit que beaucoup de choses se joueront hors OIP, via concertations, lors desquelles les cercles, «évidemment incontournables», ne seront pas oubliés. Paroles de consolation? Là aussi, le temps permettra de juger.
En attendant, Guy Delrée continue de trouver peu judicieux d’écarter de l’AViQ le cercle, l’entité de médecine générale à avoir basculé à 100% aux mains régionales, incarnant l’ancrage des généralistes sur un territoire donné, et constituant l’interlocuteur officiel des autres métiers de soins et des hôpitaux qui y sont présents également.
«C’est un drôle de signal. Ce n’est pas le moment de décourager les cercles, alors qu’on lance deux grands défis qui devraient modifier la façon de pratiquer des MG et leurs relations aux autres acteurs: la prise en charge intégrée des patients chroniques et l’encouragement aux hospitalisations à domicile. J’espère qu’ils [ministère et AViQ, ndlr] ne vont pas imaginer dans leur coin ces nouveaux modèles organisationnels puis nous appeler en disant: ‘signez ici’. J’ai les plus grandes réserves sur cette méthode.»
