Résidents suspects de Covid-19 dans les MRS : clarifications et algorithme validé (Aframeco)

L’Aframeco, l’association francophone des médecins coordinateurs en MRS, a adressé à ses membres quelques clarifications «pour faire face à (leurs) réalités actuelles». On les sait critiques, ces réalités, au point que les CPAS francophones invitent déjà à songer au soutien psychologique qu’il faudra instaurer au vu du traumatisme collectif que vivent résidents, familles et soignants.

Sans surprise, la problématique des équipements de protection et celle du matériel de testing s’invitent dans les clarifications de l’Aframeco. Elle indique que 6.000 tests ont été réservés par le Fédéral pour le dépistage du personnel des homes wallons. On n’épiloguera pas sur le côté goutte d’eau dans l’océan de besoins… Quand arriveront-ils? «Ils sont en cours de livraison, mais pas encore reçus», indique le Dr Moreau, président de l’association.

Celle-ci rappelle la nécessité d’isoler tous les résidents positifs ou possiblement atteints, au minimum 14 jours à dater du début des symptômes, ainsi que tous ceux qui viennent ou reviennent du domicile ou de l’hôpital. Toujours parmi les piqures de rappel, l’Aframeco distingue bien les rôles du MG traitant et du MCC: le premier a «l’obligation déontologique» d’assurer la continuité des soins. Il doit donc mettre à disposition des équipes soignantes ou de garde les infos utiles à la prise en charge, dont « un dossier individuel de soins correct ». Si un souci de santé ne peut être analysé et réglé par téléphone avec l’aide des infirmières, il doit venir à la MR(S). «Eventuellement, le MCC peut (il n’y a aucune obligation!) rendre ce service en accord avec le médecin traitant, qui doit le contacter.»

Un outil pour gérer les 70 ans et plus
L’Aframeco relaie aussi vers les MCC un algorithme décisionnel de prise en charge spécifique, qu’elle a contribué à valider, tout comme le banc académique du Collège de médecine générale ainsi que des gériatres. Il s’agit en l’occurrence d’un outil d’aide au tri pour les plus de 70 ans suspects de covid-19, qui peut aussi être exploité pour le domicile. Il balise la démarche thérapeutique à entreprendre en fonction de divers paramètres (score de fragilité préexistante, signes de gravité, existence d’un projet thérapeutique…): soigner/surveiller sur place, hospitaliser, initier des soins palliatifs… Il précise les choses à faire (par exemple être attentif à d’autres diagnostics, notamment face aux présentations atypiques de l’infection covid-19 rencontrées dans la population âgée) ou ne pas faire (employer des nébuliseurs), ou encore ce que doivent recouvrir des soins de confort.

L’Aframeco diffuse en outre, après concertation avec un inspecteur pharmacien de l’AViQ, un document informatif axé sur la prescription et l’usage d’oxygène en MRS.

Liège: des MG «volants» en appui
La situation est-elle si ingérable ? L’envoi de personnel soignant de l’armée, hier, dans deux institutions francophones dépassées - et ce n’est qu’un début - est révélateur. Du côté de Liège Ville, le Glamo, le cercle local, vient de se doter d’une «équipe mobile Covid».

Opérationnelle depuis mardi, elle se compose déjà d’une grosse dizaine de MG volontaires, explique sa coordinatrice Amandine Stassen, qui se félicite d’observer «du répondant» dans la profession. Collectant un maximum d’équipements de protection en frappant à toutes les portes, cette cellule compte se rendre utile dans les collectivités, homes compris.

Pour ses débuts, l’équipe a visité deux MRS avec clusters covid-19 confirmés. «Personnel admirablement appliqué mais crevé, inquiet et/ou n'ayant pas les moyens de cloisonner les nouveaux cas suspects», rapporte un des confrères volontaires. Il a échangé avec les soignants, rappelé certaines recommandations, précisé un plan de soin, hospitalisé un résident… D’autres difficultés se font jour. Ici, c'est le MCC qui serait supposé dépister seul 80 personnes; là-bas, la crainte est palpable de tomber à court de midazolam (*) pour les protocoles de détresse, et d'oxygène. Mieux vaudrait éviter un afflux dans les hôpitaux uniquement par une carence de ces produits, analyse l’équipe d’appui.

(*) des contacts seraient en cours entre médecine générale et autorités pour contrer cette menace

> Voir aussi l'interview de Christie Morreale ce jeudi sur MedFlix

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