Suppléments d'honoraires : échanges informels sur des pseudo-codes

L’interdiction à venir de demander des suppléments d’honoraires aux patients BIM n’est pas sans conséquences pour les médecins, d’autant plus que le nombre des BIM est en perpétuelle augmentation. Il faut donc explorer des pistes pour résoudre ces problèmes. C’est ce travail de réflexion qu’ont entamé de manière informelle les partenaires de la médico-mut cette semaine.

Pas de véritable débat à la médico-mut cette semaine, mais plutôt des échanges informels et exploratoires. Il était question des pseudocodes pour une série de prestations qui prennent du temps mais ne sont pas rémunérées. Cela concerne essentiellement les patients BIM.

« A ce propos », fait remarquer le Dr Luc Herry (ABSyM), « on se demande parfois si certaines personnalités politiques sont bien au courant de la réalité. Il y a dix ou quinze ans, on estimait le nombre de ces patients à environ 1.100.000. A la fin de l’année dernière, il était question de 2.100.000. Et aujourd’hui on pense qu’ils sont 2.300.000. Leur nombre augment à une vitesse inquiétante.

Cela témoigne de la paupérisation de la population. » Pour le Dr Herry, il y a là un grave problème de société. Et si on se contente comme on l’a trop souvent fait, de s’attaquer aux conséquences sans envisager de solutions en amont du problème, on n’arrivera à aucun résultat. Nous avons de plus en plus de citoyens absents du travail pour toutes sortes de raisons, de plus en plus de malades chroniques, de personnes handicapées, d’individus sans ressources suffisantes… Bref, le nombre d’allocataires ne cesse d’augmenter et risque prochainement de dépasser celui des personnes actives, qui alimentent le financement du système. 

Les médecins sont concernés au plus haut point. Toutes ces personnes sont susceptibles d’avoir besoin à un moment où à un autre de soins faisant appel à du petit matériel. Or l’évolution du montant des honoraires ne suit pas celle du coût du matériel. En plus de cela, il se peut que ce matériel doive être nettoyé, voire stérilisé. Le médecin peut avoir besoin d’une aide. Et tout cela, avec l’interdiction des suppléments d’honoraires pour les BIM, ne pourrait pas être compensé.

« Pour illustrer le problème à une autre échelle » explique Luc Herry, « il suffit de prendre les chiffres du budget global des soins de santé. Entre 2019 et 2024, ce budget est passé de 26.400 à 37.100 milliards. Cela correspond à une augmentation de l’ordre de 40%. Le budget des honoraires médicaux, dans le même temps, est passé de 8,3 à 10,7 milliards. L’augmentation est de 29%. Il ne faut pas être grand clair pour voir la différence. En réalité, l’écart est sans doute encore plus grand, puisque l’évolution des honoraires est inférieure à celle du budget global. Il y a donc un effet de masquage et si on retire les honoraires du budget global, les autres postes ont vraisemblablement augmenté de plus de 40%.

Qu’apporteraient les pseudo-codes dans tout cela ? Considérons les charges administratives. Il se fait que les patients BIM ont plus souvent besoin que les autres de documents spécifiques à remplir par le médecin. Certains de ces documents sont volumineux (plusieurs pages) et prennent donc du temps, même si le médecin peut les remplir par voie numérique. Encore faut-il qu’au moment de les télécharger, il n’y ait pas de bug informatique comme on en rencontre si souvent. Si c’est le cas, il faudra encore téléphoner aux services concernés, qui enverront le document par courriel. Tout cela prend tu temps, que ce soit pour le médecin lui-même ou pour une aide administrative. Et aucun supplément ne peut être demandé. Un pseudo-code désignant cette prestation, avec des honoraires à la clé, apporterait une solution au moins partielle.

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    08 mars 2024

    Ne serait-il pas temps de rappeler que la loi organique de notre sécu, la Loi du 9 août 1963 exposait que la «nomenclature », ne définit qu’une liste de soins pris partiellement en charge par l’INAMI (remplaçant dès lors le FNAMI créé à la Libération) et la valeur (à ce jour-là) prise en compte pour le calcul de l’intervention de cet Institut ?
    Pour les autres soins, aucune intervention financière de l’AMI n’est prévue.
    Mais aussi temps de rappeler que ceci n’était nullement considéré comme la juste rétribution des dispensateurs de ces soins ou actes de diagnostic ! Au contraire !
    C’est pourquoi les dispensateurs s’engageant à ne réclamer que ces montants réduits pendant une partie ou l’entièreté de leur activité méritaient une compensation substantielle sous la forme d’une subsidiation de la constitution d’un fonds de pension de retraite.
    C’est ainsi que naquit le fameux « statut social » qui avait l’avantage pour le gouvernement de l’époque (socialistes+cathos) de retarder d’un an ou plus le paiement de la différence entre les prestations et le versement de cette allocation ! Tour de passe-passe budgétaire…