Le sondage «Covid-19, clap 2e» de Medi-Sphere a été mené parallèlement par Le Spécialiste auprès de ses lecteurs. Près de mille d’entre eux ont répondu. Dans quel état d’esprit les spécialistes francophones sont-ils, aujourd’hui, face au coronavirus?
Parmi les 416 répondants francophones, 64% ont eu l’occasion de prendre des vacances cet été (contre 48% de généralistes). 47% jugent qu’ils ont rechargé leurs batteries, mais insuffisamment, après la 1ère vague; quasi un quart dit d’ailleurs n’avoir pas récupéré (MG: 35%). Seuls 30,5% des spécialistes estiment qu’ils pourraient s’investir dans la lutte contre une nouvelle flambée avec la même implication qu’au printemps 2020 (MG: 28%).
Qu’en est-il de leur charge de travail? Parmi ceux dont la spécialité concerne principalement des soins postposés durant le confinement, 36% estiment que la demande en soins se situe légèrement sous le niveau d’avant la crise (Figure 9). Dans leur roue, 32% estiment qu’elle est revenue au même niveau. Un groupe de 17%, cependant, parle d’un niveau «beaucoup plus bas».
À 60%, les spécialistes se disent prêt(e)s à faire face à une 2e vague épidémique (MG: 64%). Et s’ils ne le sont pas, c’est très majoritairement en raison d’un état d’épuisement physique et émotionnel. Dans les autres causes citées reviennent aussi la disponibilité aléatoire de matériel de protection et le manque à gagner financier subi. Ce qui fait défaut, aujourd’hui, dans leur arsenal de lutte anti-Covid? Un trio se dégage: des consignes et procédures claires, du matériel en suffisance, mais aussi des garanties d’ordre financier si l’activité devait à nouveau être à l’arrêt.
À l’instar des MG, une toute grosse majorité de médecins spécialistes (93,5%) voient aux questions qui leur sont posées que la compréhension de la maladie et du combat qu’on lui livre – dépistage et traçage compris – n’est pas parfaite chez les patients. À 66%, eux aussi repèrent «régulièrement» des signes, dans les dires de ces derniers, trahissant un possible relâchement face aux mesures de sécurité.
La pression des patients pour des certificats et prescriptions sans déplacement n’a pas disparu avec le déconfinement, mais semble moins présente qu’en médecine générale. Quant à l’idée de pérenniser la téléconsultation, elle soulève 45% de «oui» (contre 62% chez les MG), mais aussi 34% d’opposition. Peut-être plusieurs facteurs jouent-ils dans ce score? Hypothétiquement, une moindre habitude des MS de prodiguer des conseils aux patients sans les recevoir, une informatisation moins avancée des pratiques privées, un différentiel tarifaire plus net, dans certaines disciplines, entre une consultation présentielle et les 20€ du 101.135…
Enfin, 45% des spécialistes estiment que les politiques ont «un peu» appris de la 1ère vague. Ils sont 76% à ne pas s’estimer bien lotis en matière de représentation dans les organes de décision ou d’avis liés au Covid. C’est moins que côté MG (82%), mais ça fait encore pas mal de déçus…
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