C’est quasiment le statu quo par rapport aux années antérieures pour le financement des représentations médicales. Pendant ce temps, le nombre des réunions ne cesse d’augmenter, le coût de la vie augmente et le personnel des cabinets médicaux connaît des indexations supérieures à celles du financement. Autant dire qu’en réalité, le financement des syndicats médicaux recule. Réactions des Drs Herry (ABSyM) et De Munck (GBO).
Le dernier comité de l’assurance avait à son ordre du jour l’examen d’une note concernant le » budget de soutien aux organisations professionnelles de médecins dans le cadre de la concertation. » Selon cette note, le montant est fixé à 1 556 000 EUR pour l'année 2024, après indexation de 6,05%. Cela correspond à un montant de base de 142.071,09 euros par organisation professionnelle représentative. Le montant restant de 1.129 786,73 euros doit être réparti en fonction du nombre de voix exprimées lors des élections médicales de 2023, soit 20. 738 voix. Cela fait un montant de 54,48 € par vote, soit un montant complémentaire de 278.442,47 € pour le Cartel, 204.568,87 € pour AADM et 646.775,40 € pour l’ABSyM.
« Six pourcents, c’est loin en dessous de l’indexation des salaires qu’on a connu ces dernières années», proteste le Dr Luc Herry. « Ces dernières années, il a fallu trouver de l’argent pour financer les autres corps de soignants et comme cela devait se faire dans un budget fermé, ce fut au détriment des médecins. » Luc Herry fait aussi remarquer que le nombre des réunions n’arrête pas d’augmenter alors qu’il n’y a pratiquement jamais de jeton de présence ni d’indemnité de déplacement. Seules quelques réunions sont pourvues d’un maigre forfait. Heureusement, de plus en plus de ces réunions se passent en téléconférence.
« Les participants de l’Inami, du SPF et des mutuelles, eux, sont rémunérés pour leur présence, puisque ces réunions ont lieu pendant leurs heures de travail. Nous, médecins, non seulement nous ne pouvons pas faire notre travail pendant ce temps-là mais en plus de cela nous devons suivre les indexations salariales pour le personnel que nous employons. Conclusion : nous perdons de l’argent ». Et le Dr Herry de regretter qu’à ces conditions-là, il y a peu de chances que des jeunes veuillent encore s’engager dans la défense professionnelle. « Si on veut une représentation des médecins digne de ce nom, qui participe aux débats dans une attitude constructive, il faut agir autrement », conclut-il
Au GBO, on n’est pas plus heureux. Le Dr Paul De Munck se dit même très irrité et rappelle qu’il a plusieurs fois, avec l’appui des autres syndicats, protesté fermement contre cette situation. Sur la forme, « on nous avait promis le versement de 75% des montants avant le 31 mars et nous n’avons rien vu venir ». Mais sur le fond, c’est plus grave encore car depuis l’arrivée d’AADM, le même montant global est partagé entre trois structures au lieu de deux. « Or ce syndicat, qui est théoriquement présent dans l’ensemble du pays, ne doit pas se préoccuper dans le concret de ce qui se passe en Wallonie et à Bruxelles. Et contrairement aux deux autres syndicats, il ne concerne pas les spécialistes et les généralistes à la fois. Cela fait une différence non négligeable dans la charge de travail. »
Et à propos de charge de travail, Paul De Munck rejoint son confrère de l’ABSyM concernant la multiplication des réunions., sans adaptation des moyens. Il est de plus en plus difficile de trouver des médecins qui acceptent de s’impliquer dans la défense professionnelle. « Si on voulait décourager la concertation, on ne s’y prendrait pas autrement », déplore-t-il. Et d’attirer l’attention sur le risque, en sapant cette concertation, qui serait de saboter le système de conventionnement. Les élections approchent « mais on attend toujours le ministre qui aura le courage de dégager des moyens suffisants pour faire face aux besoins », ajoute-t-il avec un brin de scepticisme.