L'équipe du cardiologue Prof Wilfried Mullens (Hôpital Oost-Limburg (Genk) et Université de Hasselt) a mis au point une amélioration du traitement de l'insuffisance cardiaque grâce à une recherche innovante. Ce nouveau traitement ­- qui consiste à administrer une combinaison de médicaments diurétiques existants - est sûr, facile à administrer, très bon marché car il n'est plus sous brevet, et très efficace. 

Cette maladie chronique touche plus de 200 000 Belges est associée à un risque élevé de décès prématuré et représente un coût très important pour la société.
Le traitement classique consiste à administrer un certain type de diurétique ("diurétiques de l’anse") en perfusion intraveineuse. Mais l'efficacité de ce traitement laisse souvent à désirer, et le risque de ré-hospitalisation ou de décès peut atteindre 60 % dans les premiers mois.

L'équipe du Prof. Dr. Mullens a pu démontrer, grâce à une vaste étude clinique, qu'une combinaison de différents types de diurétiques déjà existants peut améliorer considérablement l'efficacité du traitement de l’insuffisance cardiaque. Cette étude, appelée ADVOR (Acetazolamide in Decompensated heart failure with Volume OveRload, NCT03505788), a inclus 519 patients dans 27 hôpitaux belges. La moitié des patients a été traitée avec un diurétique classique (diurétique de l’anse) combinée à un placebo, tandis que l'autre moitié a reçu un diurétique classique combiné à un autre type de diurétique, l’acétazolamide. Il s’agit d’un médicament très ancien qui n'est quasiment plus utilisé actuellement (sauf pour traiter le glaucome et le mal des montagnes). L’étude montre que les patients qui ont reçu la combinaison des deux diurétiques avaient 46 % de chances supplémentaires d’avoir évacué l'excès de liquide après 3 jours. Ils ont également pu sortir de l'hôpital beaucoup plus tôt.

Ces résultats sont considérés comme une véritable révolution car, pour la première fois depuis des décennies, il devient possible d’améliorer la qualité de vie des très nombreux patients atteints d’insuffisance cardiaque. L’acétazolamide est en outre un médicament sûr, facile à administrer, très bon marché car il n'est plus sous brevet, et extrêmement efficace. Jusqu'à ce jour, selon les chercheurs, il n'existait pas de bon traitement pour cette maladie qui touche des millions de personnes au quotidien.

L’étude sera présentée ce 27 août au Congrès européen annuel de cardiologie, à Barcelone. Le même jour, elle sera publiée dans la revue New England Journal of Medicine.

L'étude ADVOR (KCE-17001) a été financée par le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) dans le cadre de son programme KCE Trials d'études cliniques pragmatiques d'efficacité comparative. Le ministre de la santé Frank Vandenbroucke a salué cette avancée : « Je suis très heureux que nous ayons pu financer cette importante étude via le programme KCE Trials. Grâce à cela, le traitement des patients souffrant d'insuffisance cardiaque sera amélioré. J’adresse toutes mes félicitations au Dr Mullens et à son équipe pour ces résultats, et je tiens à remercier les patients et leurs familles pour leur participation. Je suis absolument convaincu de l’importance, pour le gouvernement, de financer ce type de recherche non commerciale afin d'améliorer les soins aux patients et l'efficience du système de santé belge. »

L'étude a été supervisée par la Clinical Trial Unit du Ziekenhuis Oost-Limburg à Genk, avec le soutien du Limburg Clinical Research Center (LCRC). C'est un exemple typique de la façon dont la collaboration entre différents hôpitaux du pays est encore possible par-delà les frontières linguistiques et la preuve que cela peut mener à des découvertes essentielles de portée mondiale.