Telle est la question que pose en titre The Atlantic, mensuel américain de qualité, constatant que « l’arrivée sur le marché du smartphone a radicalement changé tous les aspects de la vie des adolescents, de la nature de leurs relations sociales à leur santé mentale ». Et de préciser que cette évolution concerne aussi bien les pauvres que les plus riches, les ados de toutes origines sociales et ethniques, ceux qui vivent en milieu urbain ou à la campagne, les étudiants ou les jeunes travailleurs,…
Bien des médecins, particulièrement du côté des professionnels de la santé mentale, tout autant que des parents d’adolescents, voire d’enfants plus jeunes même, peuvent désormais témoigner du problème croissant de l’addiction aux écrans.
Les activités sociales, sportives et culturelles pâtissent grandement de l’omniprésence des écrans dans la vie des jeunes. La frontière entre le réel et le virtuel, qui devrait pourtant être claire s’estompe progressivement et, comme l’ont montré des études récentes, les résultats scolaires s’en ressentent. De vastes enquêtes effectuées aux Etats-Unis, montrent également de façon irréfutable que les jeunes qui passent plus d’heures par jour avec leurs écrans sont moins heureux que ceux qui s’en passent plus fréquemment.
Un nombre croissant de jeunes réduisent en effet aujourd’hui leurs activités sociales au strict minimum, leur substituant des échanges parfaitement stériles via leurs écrans. Les adolescents, naguère si soucieux de leur indépendance, vivent plus longtemps avec leurs parents, ont moins tôt leurs premières expériences amoureuses, restent plus souvent chez eux, accrochés leur smartphone, au lieu de sortir avec leurs copains et copines.
A ce phénomène qui annonce un avenir peu riant s’ajoute certains effets toxiques spécifiques des réseaux sociaux.
Outre la prolifération de fake news, de textes racistes, antisémites, sexistes ou homophobes, lesdits réseaux sociaux, particulièrement Facebook, entraînent une confusion entre le réel et le virtuel. Pour ne citer qu’un exemple parmi de nombreux autres, les jeunes s’imaginent qu’ils ont désormais des centaines d’« amis », comme sont qualifiés de façon aberrante les personnes de contact sur ce réseau social.
De façon globale les réseaux sociaux tendent à mettre à mal le concept même d’expertise, l’avis de quiconque pesant aussi lourd que celui de n’importe qui d’autre. Et c’est souvent celui qui « crie » le plus fort et frappe davantage l’imagination de ceux qui le lisent qui l’emporte.
Ce dernier phénomène est comparable à la pollution de l’information audiovisuelle à travers les micro-trottoirs, qui créent l’illusion d’une voix de l’opinion publique, à travers la parole de deux ou trois personnes prises au hasard, ou peut-être pas tellement au hasard.
Ces évolutions paraissent aujourd’hui largement irréversibles, ce qui rend particulièrement ardue la recherche de solutions au problème de l’omniprésence des écrans, véritable forme d’overdose chronique, dans le vie quotidienne de nos jeunes.