Avec l’avènement des cryptomonnaies, tout le monde a déjà entendu parler de Blockchain, mais au-delà de l’aspect financier, ce système permet de sécuriser bon nombre de données dont celles de vos patients.
La technologie «Blockchain» utilise une ancienne technique informatique connue sous le nom de «hashing» («hachage»), qui crée une signature numérique unique pour chaque bloc de données. Les hachages s'accumulent séquentiellement, au fur et à mesure que de nouvelles données sont saisies ou modifiées, chaque bloc dépendant du dernier. La «chaîne de blocs» qui en résulte crée une piste d'audit pour les régulateurs qui est facile à déchiffrer et à valider, même sans tenir compte des données réelles.
Un doctorant californien en informatique a conçu un système pour qu'il fonctionne par l'intermédiaire d'un portail Web, de sorte que chaque fois que de nouvelles données sont saisies sur un participant donné, l'expéditeur, le destinataire, l'horodatage et le fichier joint contenant les données, ainsi que le morceau du bloc précédent des données concernant ce patient, sont enregistrés sur un nouveau bloc, avec sa propre signature distincte.
Habituellement, les blockchains sont rassemblés sur des serveurs décentralisés. Ici, ce prototype d'essai clinique dépend de l'existence d'un organisme de règlementation doté d'un pouvoir centralisé, comme pourrait l’être l’Agence Européenne du Médicament par exemple, pour exploiter le portail Web, enregistrer toutes les parties et tenir un registre de la chaîne de blocs.
Les données, y compris les effets indésirables, seraient transmises à l'organisme de règlementation en temps réel, ce qui pourrait améliorer la sécurité et l'efficacité des essais cliniques. Alors que le prototype permet de tenir compte des erreurs de saisie de données ou d'autres erreurs à corriger, de nouvelles données ne peuvent être ajoutées à la chaîne existante, sans risquer d’effacer ce qu'il y avait auparavant. De cette manière tout est traçable. Le système a été mis à l’épreuve et il s’est révélé impossible de supprimer des données sans en laisser la trace. Les chercheurs ont également essayé de corrompre les données stockées à un moment antérieur de l'essai, lorsque les patients ont été assignés à différents groupes de traitement - médicament ou placebo - pour donner l'impression qu'on leur avait donné un plan de traitement différent. Mais le grand livre de la chaîne de blocs indiquait exactement ce qui avait changé, quand et par qui…
Un tel système réduit les risques, mais ne protège pas complètement les données contre la falsification. Même au sein d'un système doté de ce type de technologie, ont souligné les auteurs, il est toujours possible que ceux qui voient des patients au point de service puissent entrer des données erronées ou incorrectes dès le départ. Toutefois, cette technologie de la chaîne de blocs pourrait permettre de mener des essais dans des conditions difficiles ou ouvrir la voie à des échanges de données plus sûrs, plus efficaces et plus transparents, tant pour les chercheurs, que pour les pouvoirs publics et le grand public.
"Ce prototype d'essai clinique dépend de l'existence d'un organisme de réglementation doté d'un pouvoir centralisé" La nécessité d'un tel organisme central invalide la nécessité de recourir à la blockchain, les certificats cryptographiques sont suffisants. https://t.co/IuyqS5IHCB
— Sébastien Jodogne (@sjodogne) 9 mars 2019