Les libéraux francophones acceptent mal les nouvelles mesures annoncées mercredi à l'issue du comité de concertation. Ils évoquent clairement un nouveau "lockdown" qui selon, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, est la conséquence d'un "triple échec".
"Ce nouveau lockdown est un triple échec. Il est aussi regrettable que le fardeau pèse essentiellement sur la Belgique qui travaille. Il faut des données objectives pour apprendre à vivre avec le virus et surtout accélérer la vaccination", a-t-il déclaré sur Twitter.
Le MR vise tout à la fois la stratégie mise en oeuvre et la vaccination. Il constate un manque d'adhésion, beaucoup d'efforts fournis jusqu'à présent mais une absence de résultats. Il épingle aussi un manque d'études scientifiques et de chiffres permettant de déceler l'impact des mesures prises ou à prendre. A ses yeux, il aurait fallu penser à des mesures simples et claires susceptibles d'avoir un impact. Le MR regrette enfin que ce soient toujours les mêmes qui paient sans avoir de perspective. Il note à cet effet que l'échéance du 1er mai évoquée jusqu'à présent pour la relance de l'horeca et d'autres secteurs d'activité n'a plus ét&eacut e; citée vendredi.
L'ex-ministre des Indépendants, Denis Ducarme, s'est montré encore plus direct. "Ce lockdown qui ne veut pas dire son nom, c'est une nouvelle promesse de larmes et de sang pour les Belges qui ont besoin de travailler", a-t-il lancé sur Twitter.
Interrogé par le Vif, le député a affirmé que sa confiance dans le comité de concertation -où siègent pourtant trois ministres de son parti (Wilmès, Jeholet, Clarinval) était "ébranlée". "Il m'est très difficile de soutenir ces décisions", a-t-il ajouté. "Quelque chose s'est cassé pour nous. On ne parle pas encore de rupture de confiance mais nous avons vraiment le sentiment de n'avoir pas été entendus alors que trois membres libéraux se sont exprimés au comité de concertation".
Dans la majorité, les réactions n'ont pas manqué pour ce qui semble à certains un manque de solidarité.
"Les décisions du Codeco sont dures et vont encore impacter davantage de nombreux secteurs qui sont déjà en souffrance. Ces décisions ont été prises collectivement et les flinguer a posteriori quand on y a participé n'est ni responsable ni à la hauteur des enjeux", a déploré le chef de groupe Ecolo-Groen à la Chambre, Gilles Vanden Burre.
Intervenant dans un débat en commission de l'Intérieur, le député Hervé Rigot (PS) s'en est pris aux "cavaliers fous" dont les tweets sapent l'adhésion de la population. "Je dis stop", a-t-il ajouté.
En coulisses, les libéraux soulignaient mercredi qu'ils restaient solidaires des mesures annoncées. "Ce quasi-confinement est un échec mais ne rien faire aurait été pire", faisait-on remarquer à bonne source. Le malaise n'en demeure pas moins, en particulier sur le peu de données scientifiques disponibles sur l'impact des mesures prises à l'heure de prendre "décisions capitales", par exemple quand il s'agit de fermer à nouveau les professions de contact, quelques semaines après les avoir rouvertes. "Un an après le début de la crise, il nous manque toujours un socle scientifique", ajoutait-on. Les libéraux ont aussi le sentiment que le tout-au-sanitaire domine dans le gouvernement et qu'ils sont les seuls à défendre la prise en compte des effets économiques.
Dans d'autres composantes du gouvernement, on se disait en revanche "halluciné" par le discours du MR. Les ministres libéraux se montreraient beaucoup moins loquaces que leur président ou certains de leurs représentants à la table de discussion, affirmait-on. La sortie de M. Ducarme était d'ailleurs perçue comme un désaveu des trois ministres MR - le "triple échec", épinglait-on - à la table du comité de concertation.
Le cabinet du Premier ministre, Alexander De Croo, n'a pas fait de commentaires sur cela. Il a mis en avant la modification de la pandémie en Belgique avec un variant britannique qui est devenu dominant et qui a accru la contagiosité de la maladie. Il a également rappelé une partie du discours tenu par M. De Croo. "Ces derniers jours, le virus nous a remis les pieds sur terre. Le coronavirus nous donne une grande leçon d'humilité. Aux politiciens, aux experts et à nous tous. Nous avons une tendance naturelle à espérer et planifier. Mais c'est aussi dans la nature du virus d'anéantir cet espoir et ces plans".