Après avoir fait le tour des programmes des partis et de leurs propositions dans la santé , nous allons maintenant donner la parole à des médecins qui se sont engagés pour les prochaines éléctions dans les différents partis francophones. Pour cette deuxième entrevue , un médecin qui se présente sur les listes du parti MR.
Au cœur des élections, le Dr Yannis Léon Bakhouche sort un livre qui développe « 66 propositions concrètes pour un meilleur système de soins de santé en Belgique ». Issues de ses nombreux contacts de terrain, ses propositions entendent définir la vision de la santé de demain en associant l'ensemble des acteurs de santé comme un seul corps : « Nous devons développer une meilleure coordination entre les généralistes et les spécialistes pour le bien du patient. »
La technologie et l’IA au service de la santé
Médecin généraliste, conseiller en politique de santé à la présidence du MR, sous la présidence de Georges-Louis Bouchez, diplômé en Intelligence artificielle à l'ULB-UMONS, il affirme que « nous ne sommes pas suffisamment prêts pour faire face au changement du fonctionnement de notre système de santé, compte tenu des revendications des prestataires de soins et de l'émergence de la technologie. Les soins ambulatoires et les soins à domicile prendront plus de place et la technologie médicale sera une évidence. C’est ce que j’appelle la révolution de la santé, et on s'en approche. Cela concernera aussi de plus en plus le tri aux urgences. »
Le généraliste interniste
Pour lui, « les généralistes s’orientent vers un rôle de futurs médecins internes de terrain. Il est donc indispensable d’améliorer le lien généraliste-spécialiste. Pour cela, la priorité est de passer par une révision structurée du parcours du patient en donnant une plus grande place aux généralistes. Nous devons décloisonner les deux professions. Rien que l’exemple des hospitalisations de jour est éclairant : le patient va voir un spécialiste, il rentre chez lui… mais le généraliste n’est pas toujours au courant du suivi qu’il doit accomplir. »
La réforme en profondeur de la coordination entre les différents acteurs devra aussi passer par la concrétisation de la réforme de la nomenclature des hôpitaux : « Il faut segmenter l’acte intellectuel de l’acte pratique. Il me semble que c’est notamment une manière de réguler et de responsabiliser les acteurs de santé, c’est pour cela que le BMF doit être revu. Il conviendra de simplifier le système du BMF en fonction du coût des pathologies et de le rendre plus transparent. Pour les gestionnaires d’hôpitaux, la complexité du BMF s'est graduellement accrue, au point qu'il est désormais perçu comme une boîte noire. »
Pour tendre vers une plus grande verticalité, il souhaite fusionner les administrations de la santé telles que l’INAMI et le SPF Santé, afin qu'elles deviennent directement responsables derrière le ministre fédéral de la Santé et les acteurs de terrain.
Créer une plateforme publique de consultation de spécialistes médicaux
Au fil des pages, il affirme qu’une digitalisation efficace doit permettre un meilleur dépistage qui va réduire indirectement la pression des prestataires de soins grâce à des tests en laboratoires ou d’imagerie médicale. Les coûts de soins de santé vont diminuer, parce que les maladies ou le risque de les développer vont pouvoir être identifiés très tôt. « Parmi les exemples, on peut retenir le dépistage du côlon, mais aussi du col de l’utérus, grâce à l’IA ou encore une meilleure prise en charge des maladies cardiovasculaires. Mais avant cela, il faut absolument que chaque citoyen dispose d’un médecin traitant référent, un médecin de famille et qui peut être proposé par l'organisme assureur. »
Il souhaite aussi un plan de prévention suicide ! « La prévention contre le suicide doit être une cause nationale avec une prévention à tous les niveaux. » Il veut aussi créer une plateforme publique de consultation de spécialistes médicaux, régionalisée... « Cette plateforme permettrait aux patients de consulter en ligne des spécialistes dans différents domaines médicaux, afin d'obtenir des avis et des conseils personnalisés, en complément de leur suivi médical habituel. Un exemple pertinent est celui de l'Estonie, qui a mis en place une plateforme appelée e-Consultations. Elle permet aux patients d'envoyer des questions médicales aux spécialistes via une interface en ligne sécurisée. Les spécialistes répondent ensuite aux questions des patients dans un délai raisonnable, offrant ainsi un accès rapide à des conseils médicaux de qualité. »
Le Dr Yannis Léon Bakhouche en appelle aussi à une valorisation de la consultation du médecin généraliste et de pédiatre à hauteur de 50 euros en moyenne. Autre proposition : permettre aux médecins urgentistes de refuser des patients et de les réorienter dans d’autres structures de soins. A découvrir....
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Hervé Godiscal
13 mai 2024l'acte intellectuel versus l'acte pratique.... ? C'est évidemment inséparable, ou alors de quoi parle-t-on?