Un récent rapport de l’OCDE, commandé par l’Union européenne, encourage l’utilisation d’outils numériques pour collecter des données de routine chez les patients et ainsi assurer un meilleur suivi du médicament.
Une récente étude de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a été dévoilée dans un rapport commandé par l’Union européenne sur l’importance des outils numériques dans la collecte des données pour permettre un meilleur suivi du médicament. Cette démarche pourrait se réaliser notamment au travers la publication de fiches d'informations par pays sur la collecte et l’utilisation des données de santé des patients pour mieux guider les industriels et les institutionnels.
"Du point de vue des systèmes de santé, il est nécessaire de disposer d'une vision globale des politiques pharmaceutiques afin de mieux comprendre les facteurs pertinents qui influent sur la capacité des patients à accéder à des médicaments abordables et efficients dans des délais opportuns."
Cette réflexion s’inscrit pleinement, avec l’avènement du big data et de l’intelligence artificielle (IA), dans le développement et le suivi d’outils technologiques connus dans l’e-santé (dossiers électroniques, données de remboursement, e-prescription...). Pour l’OCDE, ces avancées technologiques provoquent un passage de la médecine de "la santé connectée" (eHealth) à "la santé intelligente" (iHealth). Celle-ci pourrait permettre une réduction plus efficace des coûts.
Preuves efficaces
L’autorisation de mise sur le marché d’un nouveau médicament (ou d’ une nouvelle indication pour un médicament existant) se fonde actuellement sur les résultats obtenus dans le cadre d’essais cliniques, souvent randomisés.
L'inclusion des patients dans le recueil et le partage des données de santé, et notamment des données en vie réelle, "peut améliorer" les recherches des industriels dans le développement des produits de santé, rappelle l’OCDE, qui précise que "certains travaux ont déjà pour but de dessiner un cadre méthodologique pour collecter, intégrer et analyser les données en vie réelle des patients".
Le rapport fournit un certain nombre d'exemples dans lesquels des organismes de réglementation ont utilisé des preuves tirées de données recueillies systématiquement pour confirmer des préoccupations en matière de sécurité. En France, par exemple, des informations sur les utilisations abusives ont entraîné une dégradation de la valeur thérapeutique des benzodiazépines et une réduction ultérieure du taux de remboursement. En Irlande, les preuves tirées des données recueillies ont été utilisées pour recommander un produit spécifique pour les programmes d'abandon du tabac.
L’organisation recommande ainsi la mise au point d’un cadre méthodologique permettant de tirer les preuves de l'efficacité d’un médicament à partir de données recueillies en routine mais insiste sur le fait que cette approche doit "gagner en légitimité et en reconnaissance de la part des agences d'évaluation des technologies de la santé".
Elle préconise également un meilleur "partage transfrontalier" de l'information par ces agences "tout au long du cycle de vie d'un produit".
A l’hôpital aussi
Les données collectées de manière systématique ont également entraîné des modifications dans les directives cliniques, par exemple pour les médicaments pour le traitement du trouble d'hyperactivité avec déficit de l'attention (TDAH) en Australie et les statines en Israël. L’étude de l’OCDE montre aussi que « les données recueillies au quotidien sur les médicaments au niveau des patients proviennent le plus souvent de dossiers de pharmacie, de dossiers de santé électroniques ou de demandes d'indemnisation. Ils couvrent rarement les médicaments dispensés à l'hôpital. » En plus, ces données collectées ont été utilisées moins fréquemment pour réaliser « des évaluations d'efficacité comparatives ou des études de rentabilité. » Enfin, la majorité des pays ont indiqué que les données collectées n'étaient pas «pleinement utilisées» dans leurs systèmes de soins de santé. Les principaux obstacles identifiés sont « le manque de capacité d'analyse, la législation visant à protéger la vie privée des patients et infrastructure d’information inadéquate. »
Traiter les obstacles
De nombreux pays se heurtent également à des obstacles législatifs et réglementaires qui limitent le partage et la mise en réseau des données et « empêchent toute utilisation ultérieure de ces données. » Cependant, ces obstacles sont actuellement traités, par exemple par la mise en œuvre et le renforcement des dispositifs de gouvernance des données de santé et par la mise en œuvre de technologies pour protéger la vie privée des patients. Concrètement, des données recueillies régulièrement sur les médicaments prescrits et délivrés pourraient refléter « un élément clé des interactions des patients avec le système de santé. »
Risques et avantages
L'utilisation de ces données comporte à la fois des risques et des avantages. Selon le rapport, les données anonymisées peuvent généralement être rendues accessibles avec un risque faible pour la vie privée. « La désidentification nécessite que les identifiants directs, tels que les noms ou les numéros de sécurité sociale, soient supprimés ou remplacés par des pseudonymes qui ne puissent pas être rattachés à l'individu sous-jacent, et que d'autres variables permettant l'identification indirecte d'individus soient également modifiées. » Le rapport souligne enfin qu’il faut être attentifs aux « données longitudinales lors d’un suivi de patients parce qu’elles peuvent présenter un risque plus élevé de réidentification indirecte générant des combinaisons spécifiques au patient. » Prudence donc.
> Lire le rapport de l’OCDE
Commencons quand même avec le suivi therapeutique: le Dossier Pharmaceutique Partagé #DPP (en production chez 98,3% des officines), la prescription électronique de @e_recip (obligatoire en 2020) et le schéma de médication partagé sont déjà fort developpés en Belgique!
— Lieven Zwaenepoel (@LievenZwaenepoe) 12 mars 2019