Un CHU de Dijon a nommé "pour la première fois en France" un médecin spécialiste en intelligence artificielle (IA).Il faut dire que le Dr Davide Callegarin a un profil plutôt atypique: une année en école d'ingénieur informatique avant de s'orienter vers la médecine. Et en Belgique ?
Dans les hôpitaux, la révolution medico-technologique est en marche. Pour réussir pleinement cette transformation, les médecins et les acteurs du monde de l’hôpital doivent arriver à améliorer leur compétence dans les différents domaines. Au CHU de Dijon, en France, le premier poste de spécialiste en intelligence artificielle a été confié à un médecin.
Un parcours unique
Au travers de son cursus, Le Dr Davide Callegarin possède une double compétence médicale et informatique grâce à ses études supérieures (une année en école d'ingénieur informatique et des études de médecines). A cela, il a ajouté, au cours de son internat de biologie médicale, une thèse en intelligence artificielle en santé et un master de bio-informatique.
Le CHU entend créer un laboratoire qui permette aux professionnels de santé de toutes les spécialités d'automatiser les tâches répétitives grâce à l'IA.
Le Dr Davide Callegarin a notamment développé un logiciel utilisant l'apprentissage automatique non supervisé « afin d'extraire les données non structurées des comptes rendus médicaux.» "J'ai démarré ce travail à la fin de mes études à Trieste" (Italie), a-t-il détaillé à TIC Santé.. "A l'origine, le logiciel permettait d'extraire des informations sur les cancers du poumon et du sein: la localisation, la dimension des tumeurs… et de faire une carte 3D des lésions."
Et en Belgique ?
Pour Giovanni Briganti, qui plaide pour l’arrivée de « l’intelligence artificielle dans les études de santé » et donne aux futurs médecins à l'université de Mons un cours intitulé « Médecine Augmentée - L’art de soigner à l’ère de l’Intelligence Artificielle » , il existe déjà dans de nombreux hôpitaux belges un CMIO, chief medical information officer : « Cette fonction est souvent associée avec le dossier médical et l’informatisation administrative. Les personnes qui sont à ses postes s’intéressent à l’AI mais pas comme réellement un acteur de l’intelligence artificielle. » Il plaide pour que chez nous, on crée des profils de médecins plus adaptés aux défis technologiques : « Il faut former nos propres experts avec des cursus « AI, machine learning, mecatronic... Nous devons croiser les cursus d’ingénieur et de médecine pour que l’on ait nos propos experts. L’ingénieur biomédical n’a pas passé son temps près des patients. Il faut donc réformer le cursus de médecine et faire un pas vers les ingénieurs. »
Créer une chaire d’informatique médicale
Pour Sébastien Jodogne, docteur en sciences informatiques de l’Université de Liège, récompensé notamment pour son travail sur le logiciel libre et open-source Orthanc pour l'imagerie médicale, « avant de vouloir un double diplôme ingénieur et médecine ou informaticien, il faut faire en sorte que les deux professions travaillent ensemble. Il faut arrêter de travailler en silo. Sur le terrain, les professions doivent se parler. Si on veut appliquer l’AI à l’imagerie médical à court terme, il faut accrocher cet objectif ambitieux à une réalité médicale, c’est à dire à une pathologie : il faut la technique, les données et la connaissance des maladies. On doit donc travailler sur le continuum et les professions doivent s’alimenter l’une l’autre. » Pour lui, « Il faut créer des chaires d’informatique médical composées de médecin, ingénieur, informaticien et master en santé publique... la réflexion doit dépasser l’hôpital en terme d’espace clinique et en lui donnant une dimension de santé publique. »
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