La publication d’étude scientifique est soumise, normalement, à un processus rigoureux de revision par les pairs. Cependant, certains scientifiques à travers le monde arrivent à les tromper en utilisant des logiciels pour produire des papiers faussement scientifiques. Un chercheur français à mis au point un autre logiciel pour traquer les publications frauduleuses.
En 2020, malgré la pandémie de COVID, les scientifiques ont rédigé 6 millions de publications évaluées par des pairs, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2019. Certains scientifiques à travers le monde, bien que le phénomène semble être lié surtout aux scientifiques appartenant à des institutions indiennes ou chinoises où la pression pour avoir des publications est fort élevée, semblent avoir eu recours, à des logiciels pour produire de façon automatique des papiers frauduleux.
Ces logiciels, dont certains sont basés sur l’IA, permettent de produire des papiers scientifiques via des raisonnements probabilistes. Lorsque soumises à des revues (mêmes des revues importantes, comme appartenant aux maisons d’édition Elsevier ou Nature et hautement citées), il se peut que les reviewers ne se rendent pas compte du caractère frauduleux du travail.
C’est pour cela que Guillaume Cabanac, professeur d’informatique à l’Université de Toulouse, en collaboration avec d’autres scientifiques, a développé un logiciel pour détecter ces publications frauduleuses : le « Problematic Paper Screener »
Le Prof. Cabanac se base entre autres sur la détection de « phrases torturées », c’est-à-dire des reformulations douteuses d’expressions largement connues, et résultant de l’utilisation de programmes informatiques générateurs de textes scientifiques. Une phrase torturée est par exemple L'"intelligence artificielle" qui devient une "conscience contrefaite" ou "cancer du sein" qui devient « Peril du sein ».
En janvier 2022, le chercheur a trouvé des "phrases torturées" dans 3 191 articles évalués par des pairs publiés (et qui comptent), y compris dans des publications phares réputées. Les deux pays les plus fréquemment cités dans les affiliations des auteurs sont l'Inde (71,2 %) et la Chine (6,3 %).
Cette découverte a valu au Prof. Cabanac sa nomination dans Nature comme l'un des 10 scientifiques les plus influents de 2021.