Des scientifiques de l'UCLouvain sont parvenus à identifier des segments au sein de protéines, en forme de spaghettis mous, essentiels à la survie des bactéries, a fait savoir jeudi l'université par voie de communiqué. Cette découverte, publiée dans la revue scientifique Nature Chemical Biology, représente une étape importante dans la lutte contre le problème de santé posé par la résistance des bactéries aux antibiotiques.
Les bactéries se protègent des antibiotiques grâce à une ou deux membranes protectrices. Dans ce mur extérieur, se trouvent notamment des lipoprotéines, soit des protéines accrochées au mur via une ancre lipidiq ue (graisseuse), qui participent à l'entretien et à la défense de cette membrane.
L'équipe de l'UCLouvain, menée par Jean-François Collet, chercheur à l'institut Duve de l'université, a réussi à observer qu'entre la partie active de la lipoprotéine et la partie lipidique, se trouve une séquence sans structure, qui ressemble à un spaghetti cuit, tout mou, capable d'adopter la forme qu'elle veut. Or, ces segments encore inexplorés, sont présents dans de nombreuses bactéries telles que E-coli ou Borrelia (maladie de Lyme), d'où l'intérêt pour l'équipe d'investiguer ce "spaghetti mou" pour en déterminer la propriété pour les bactéries.
"Pour combattre son ennemi, il faut connaître ses points forts et ses points faibles, comprendre comment cet ennemi fourbit ses armes", explique ainsi Jean-François Collet.
Les chercheurs ont alors découvert que la bactérie était affaiblie lorsqu'on modifie la forme du segment déstructuré ou qu'on le raccourcit. En clair, sans ce "spaghetti mou", les lipoprotéines n'arrivent plus sur la membrane protectrice des bactéries, qui se retrouvent dès lors fragilisées.
Au-delà de montrer également qu'il existe encore de nombreuses régions au sein des protéines dont on ignore tout, cette découverte représente surtout un pas supplémentaire important dans la recherche pour de nouveaux traitements antibiotiques pour lutter contre les infections bactériennes.