La directrice générale santé à la Commission européenne, Sandra Gallina, a remis en perspective mardi les récentes interrogations sur le partage des doses de vaccin anti-Covid entre les 27 Etats de l'UE.
"L'année dernière, la tendance parmi beaucoup d'Etats membres était de ne pas prendre tout leur 'pro rata', mais moins de doses", a-t-elle expliqué aux eurodéputés de la commission du contrôle budgétaire.
Chaque Etat membre a en effet droit à une certaine part des précommandes de vaccins négociées par la Commission européenne, au pro rata de sa population. En tout, l'exécutif européen a conclu des contrats d'achat anticipé avec six firmes pharmaceutiques ou duos de firmes. Quatre se sont déjà matérialisés en achats réels, après approbation du produit par l'Agence européenne des médicaments (les vaccins BioNTech-Pfizer, Moderna, AstraZeneca-Oxford, et Janssen).
Dernièrement, confrontés à la lenteur des campagnes de vaccination européennes, liée en grande partie aux livraisons fortement diminuées du vaccin AstraZeneca, plusieurs pays ont critiqué la répartition intra-UE des vaccins. Emmenée par l'Autriche, cette poignée d'Etats a taxé le système d'inéquitable, le chancelier Sebastian Kurz soupçonnant un "bazar" d'accords annexes.
Or, selon Sandra Gallina, "il n'a pas toujours été facile de trouver un moyen de placer toutes les doses". Au tout début de la procédure, "les Etats devaient décider s'ils restaient dans les contrats d'achat anticipé ou en sortaient (opt-out, ce qu'aucun n'a fait, NDLR). Puis ils ont dû collectivement décider si un pays pouvait 'rester dedans' mais en prenant moins de doses que son pro rata". Et cela a eu lieu à de nombreuses reprises, a expliqué Sandra Gallina.
"On peut remercier les pays qui ont absorbé le surplus de doses, ce qui a permis de conclure ces contrats", note-t-elle. "C'est un processus qui s'est fait en toute transparence, entre Etat membres". En effet, les contrats n'auraient pas pu être conclus si les 27, collectivement, ne s'étaient pas engagés à acheter des quantités conséquentes de doses.
Pour autant, il y a eu des "livraisons accélérées" ou "actions SOS" en faveur de certains pays, pour répondre à des situations épidémiologiques critiques, indique-t-elle. "Cela n'a pas été un exercice facile" mais "je pense que les considérations de santé doivent primer".
La directrice de la DG santé a admis que l'UE avait eu "un premier trimestre pas facile", le vrai problème étant lié à un seul contrat, celui d'AstraZeneca. "On attendait quelque chose dans les 100 millions de doses" de la firme suédo-britannique au 1er trimestre. "On n'a même pas reçu un quart", or c'était "le vaccin pour lequel on prévoyait de grosses livraisons aux 1er et 2e trimestres", soit le plus gros des 300 millions de doses du contrat, rappelle-t-elle.
Pour autant, la Commission n'abandonne pas l'objectif commun d'un taux de vaccination de 70% des adultes dans l'UE d'ici la fin de l'été, soit 255 millions de personnes. "Nous pensons que ce résultat peut être atteint avec de bonnes livraisons au 2e trimestre", indique Sandra Gallina, qui y attend quelque "300 millions de doses".
Par ailleurs, l'UE est intéressée par tous les vaccins, a-t-elle assuré. L'examen continu (rolling review) du vaccin russe Spoutnik par l'Agence européenne des médicaments suit son cours normal, ce qui comprend une inspection sur place des sites de production, a-t-elle rappelé.